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Différences entre les genres en matière de réussite scolaire : étude sur les mesures prises et la situation actuelle en Europe

Jeudi 10 juin 2010

Ce rapport établi à la demande de la Commission européenne par le Réseau Eurydice et publié en juin 2010, dresse un état des lieux de l’égalité femmes hommes dans le domaine de l’éducation dans l’Union européenne. Le constat est qu’il reste encore beaucoup à faire... "Ce rapport d’Eurydice met en évidence les inégalités en matière d’éducation entre les genres et donne une vision complète des politiques nationales visant à les traiter", souligne Androulla Vassiliou, commissaire chargée de l’éducation, la culture, le multilinguisme et la jeunesse.

Adéquations reproduit ici la table des matières, la synthèse et la conclusion du rapport.
Le rapport complet est disponible en téléchargement, en bas de page.


 Table des matières

Préface

Introduction

Synthèse

Chapitre 1. Le genre et l’éducation en Europe : revue de la littérature

→ 1.1. Perspectives opposées sur le genre et les différences entre les sexes
→ 1.2. Rôle du féminisme
→ 1.3. Le genre et les conceptions de l’égalité en rapport avec l’éducation
→ 1.4. La recherche sur les différences entre les sexes
→ 1.5. Les études transnationales sur les résultats scolaires
→ 1.6. Les facteurs sociaux qui influencent les performances et le comportement des filles et des garçons
→ 1.7. Les thèmes liés au genre dans les pratiques éducatives actuelles
→ 1.8. Conclusion

Chapitre 2. Profils de genre dans les enquêtes internationales d’évaluation

→ 2.1. Écarts de genre moyens en matière de résultats scolaires
→ 2.2. Facteurs influençant les résultats scolaires et les écarts de genre

Chapitre 3. Cadres politiques et législatifs pour l’égalité des genres en matière d’éducation

→ 3.1. Définition de l’égalité des genres dans les cadres législatifs
→ 3.2. Principaux buts des politiques d’égalité des genres dans l’enseignement primaire et secondaire
→ 3.3. L’intégration de la dimension de genre et le suivi des politiques d’égalité des genres

Chapitre 4. Égalité des genres et organisation des écoles : programme d’études, orientation et climat scolaire

→ 4.1. Inclusion du genre dans les programmes d’études
→ 4.2. Remise en question des choix de carrière traditionnels grâce à l’orientation professionnelle
→ 4.3. Évaluation des manuels scolaires et du matériel pédagogique
→ 4.4. Le contenu implicite de l’enseignement : politiques d’égalité des genres relatives au climat scolaire, et à la violence et au harcèlement à caractère sexiste
→ 4.5. Sensibiliser les parents aux questions d’égalité des genres

Chapitre 5. Profils de genre dans les résultats scolaires

5.1. Retards scolaires
→ 5.2. Redoublement
→ 5.3. Rupture scolaire et achèvement de l’enseignement secondaire supérieur
→ 5.4. Profils de genre dans les tests et examens nationaux
→ 5.5. Groupes défavorisés parmi les hommes et les femmes
→ 5.6. Réponses politiques aux différences de genre en matière de réussite scolaire

Chapitre 6. Enseignement mixte et non mixte

→ 6.1. Écoles non mixtes
→ 6.2. Classes non mixtes

Chapitre 7. Enseignants, chefs d’établissement et questions de genre

→ 7.1. La féminisation de la profession enseignante
→ 7.2. Stratégies visant à améliorer l’équilibre des genres parmi les enseignants et les chefs d’établissement
→ 7.3. Le genre, un thème inclus dans la formation des enseignants

Chapitre 8. Politiques d’égalité des genres dans l’enseignement supérieur

→ 8.1 Ségrégation horizontale
→ 8.2 Ségrégation verticale

Conclusion

→ Problèmes d’égalité des genres ciblés par les pays européens
→Mesures possibles pour lutter contre les inégalités de genre

Glossaire, Table des figures, Références, Annexes, Remerciements


Synthèse

 La recherche sur le genre et l’éducation établit l’importance des stéréotypes sexistes

La recherche sur les différences liées au sexe nous montre qu’il est difficile de séparer les comportements innés des comportements acquis, ou de comprendre à quel point les stéréotypes influencent les perceptions des individus et les différences de genre d’ordre comportemental et d’ordre cognitif. La recherche montre que, en général, les différences entre les sexes sont relativement peu importantes comparées aux nombreuses similarités existantes.

Les résultats en fonction du genre des enquêtes transnationales sur les performances scolaires peuvent fournir des indications sur la façon dont une politique nationale en matière d’éducation fonctionne en termes d’équité par rapport à d’autres politiques mais, en général, ils ne peuvent pas fournir une analyse des facteurs de causalité particuliers, ni des mesures qui devraient ou pourraient être prises pour introduire plus d’égalité dans le système de genre.

Les perceptions que les enseignants ont de la dimension de genre sont essentielles pour leurs relations avec les élèves et peuvent s’avérer un facteur important dans l’instauration d’un climat d’équité entre les sexes à l’école. Les manuels et le matériel de lecture fournis dans les écoles peuvent également contribuer à renforcer, ou au contraire à atténuer, la conception stéréotypée des rôles.

 Le genre est seulement l’un des facteurs ayant un impact sur les résultats scolaires

La différence la plus marquée entre les sexes au niveau des résultats scolaires réside dans l’avantage en lecture observée chez les filles. En moyenne, les filles lisent plus et prennent plus de plaisir à la lecture que les garçons. Cet avantage en faveur des filles se retrouve invariablement dans tous les pays, indépendamment de la catégorie d’âge, de la période d’enquête et des programmes d’études.

En mathématiques, les garçons et les filles ont des résultats similaires en quatrième année et en huitième année d’études dans la plupart des pays. L’avantage des garçons apparaît dans les dernières années d’études et est particulièrement perceptible parmi les élèves suivant les mêmes programmes d’enseignement et les mêmes groupes d’âge.

C’est dans le domaine des sciences que les différences sont les plus minimes. Bien qu’elles aient des résultats équivalents à ceux des garçons en la matière dans la plupart des pays, les filles ont tendance à avoir une perception de soi en sciences plus faible que celle des garçons, autrement dit, les filles semblent avoir moins confiance, en moyenne, dans leurs capacités scientifiques que les garçons. Pourtant, garçons et filles portent un intérêt similaire aux sciences et il n’y a pas d’écart global entre les garçons et les filles dans leur motivation à l’idée d’utiliser les sciences dans leurs futures études et professions. Mais dans tous les pays européens, les filles sont largement plus nombreuses que les garçons à considérer la lecture comme une activité importante.

Les garçons sont plus susceptibles de figurer au rang des élèves les moins performants en lecture. En mathématiques et en sciences, aucune différence entre les sexes n’est observée parmi les élèves faibles, dans la plupart des pays. En mathématiques, les filles sont plus susceptibles de figurer au rang des élèves les moins performants dans environ un tiers des systèmes éducatifs européens.

Le genre est seulement l’un des facteurs qui influencent les résultats scolaires dans différentes disciplines. Le statut socio-économique est un facteur très important ; ainsi, pour soutenir les enfants en difficulté scolaire, il convient de considérer le contexte familial en plus du genre.

 Les inégalités de genre sont considérées comme un problème dans de nombreux pays, mais les politiques globales visant à y remédier font souvent défaut

Les pays européens, pour la plupart, sont préoccupés par les inégalités de genre en matière d’éducation. Toutefois, la portée et l’ampleur des cadres politiques et législatifs varient largement selon les pays. D’une part, les concepts d’égalité des genres sont intégrés à des degrés variables dans les actes législatifs. D’autre part, les cadres peuvent inclure l’égalité des genres de différentes façons, en se focalisant sur un ou plusieurs concepts associés à ce terme (égalité de traitement, égalité des chances, égalité des résultats).

L’objectif le plus courant des politiques d’égalité des genres en matière d’éducation consiste à remettre en question la division traditionnelle des rôles et les stéréotypes sexistes. En ce qui concerne ce principal objectif, les pays peuvent s’attacher à lutter contre le harcèlement et la violence fondés sur le sexe, développer la représentation des femmes dans les organes décisionnels ou aller à l’encontre des profils de résultats liés au genre. L’éventail des cadres politiques est très large, allant de l’absence de toute initiative en la matière à une vaste définition des problématiques.

Si différents instruments politiques ont été mis en oeuvre par les pays, en revanche les stratégies plus générales font souvent défaut. Plus précisément, bien que l’objectif d’assurer l’égalité des chances pour les femmes et les hommes soit poursuivi presque partout, seuls quelques rares pays ont identifié explicitement l’objectif de réaliser l’égalité des résultats ou ont mis en oeuvre avec succès une stratégie d’intégration de la dimension de genre dans le domaine de l’éducation. Il existe certes de nombreuses mesures possibles visant à faire évoluer les rôles traditionnels de l’homme et de la femme, mais seuls quelques rares pays les ont mises en oeuvre.

 Programme d’études, orientation et climat scolaire pour lutter contre les stéréotypes sexistes

Des efforts sont apparemment consentis pour inscrire le genre et l’égalité des sexes parmi les sujets et thèmes interdisciplinaires des programmes scolaires des pays européens. Mais on ne peut pas en dire autant pour ce qui est du développement de lignes directrices et de méthodes pédagogiques sexospécifiques, alors qu’elles pourraient s’avérer efficaces pour lutter contre les stéréotypes sexistes qui influencent les intérêts et l’apprentissage des élèves.

S’agissant de l’éducation sexuelle et de l’éducation aux relations interpersonnelles, certains pays affirment que ces sujets continuent d’être enseignés de manière inefficace en raison de la grande liberté de choix du matériel et des méthodes pédagogiques et de l’absence de tout matériel de soutien national de qualité. Le caractère non obligatoire des nombreuses matières qui traitent de certains aspects de l’éducation sexuelle et de l’éducation aux relations interpersonnelles peut aussi jouer un rôle à cet égard.

Dans bon nombre de pays européens, il existe de nombreux projets et initiatives intéressants visant à lutter contre les stéréotypes sexistes dans les choix de carrière et à soutenir les jeunes à l’école grâce à une orientation systématique sensible à la dimension de genre concernant les études post-secondaires et les carrières auxquelles ils se destinent. Mais dans la plupart de ces pays, il manque l’appui d’une stratégie nationale globale. Il semble qu’il y ait un déficit d’initiatives ciblant spécifiquement les garçons.

Lorsqu’il existe des politiques concernant le contenu implicite de l’enseignement et le climat scolaire, elles visent principalement à lutter contre la violence et le harcèlement à caractère sexiste dans les écoles. Toutefois, cette approche est considérée comme une priorité par seulement quelques rares pays et la plupart des autres pays misent sur des initiatives plus sporadiques ou plus spécifiques.

Malgré le rôle important des parents, les projets et initiatives d’origine gouvernementale visant à les informer sur les questions d’égalité des sexes sont rares, et ils s’attachent encore moins à impliquer les parents dans la promotion de l’égalité des genres en matière d’éducation.

 Les politiques visant à lutter contre les écarts de genre dans les résultats scolaires sont principalement centrées sur les sous-performances des garçons

Les différences entre les genres en matière de réussite scolaire qui apparaissent le plus tôt sont les retards par rapport au niveau de la classe et les redoublements, et ils sont plus courants chez les garçons.

Parmi les jeunes en rupture scolaire, on observe une proportion de garçons plus forte que celle des filles tandis que les filles sont plus nombreuses à obtenir un diplôme d’enseignement secondaire supérieur. Les filles obtiennent généralement de meilleures notes et un taux de réussite plus élevé dans les diplômes de fin d’études, ce qui facilite leur accès aux programmes universitaires de leur choix. Toutefois, parmi les groupes défavorisés, un faible taux de réussite est observé à la fois chez les filles et chez les garçons.

La majorité des pays indiquent que ces groupes sont une source particulière de préoccupation en ce qui concerne les résultats scolaires, et soulignent souvent les écarts entre les élèves de différents statuts socio-économiques, issus de minorités ethniques ou venant de milieux spécifiques (rural/urbain). Bien qu’il existe des profils de genre distincts, il est rare que les garçons et les filles de ces groupes fassent l’objet d’une attention particulière.

Les politiques les plus courantes visant à lutter contre les écarts de genre en matière de réussite scolaire portent principalement sur les sous-performances des garçons. Seuls quelques pays ont élaboré des programmes spéciaux en vue d’améliorer les compétences des garçons en lecture et celles des filles en mathématiques et en sciences.

 L’enseignement non mixte n’est pas répandu dans les systèmes scolaires publics

L’introduction de l’enseignement mixte dans le système scolaire public a été considérée par de nombreux pays comme un pas vers l’égalité, accompli il y a à peine moins de cinquante ans. La réintroduction des contextes non mixtes dans l’enseignement public ne semble donc pas une option très attrayante pour les pays européens. De plus, les résultats des études sur les effets positifs de la séparation des sexes ne sont pas concluants. L’aspect de la rentabilité peut également jouer un certain rôle à cet égard dans la mesure où la mise en oeuvre d’un enseignement non mixte risque d’être considérée comme une option non viable au plan économique.

 La profession enseignante est très féminisée dans les niveaux d’enseignement inférieurs

Dans les pays européens, le métier d’enseignant est principalement exercé par les femmes, en particulier dans les niveaux d’enseignement inférieurs. Bien que cela soit considéré comme problématique dans de nombreux pays, les stratégies visant à attirer plus d’hommes dans la profession, dans les niveaux d’enseignement obligatoire, demeurent sporadiques.

La direction d’école est toutefois laissée dans une large mesure à l’initiative des hommes, et les actions visant à encourager un rééquilibrage de genre dans ce domaine semblent être tout à fait insuffisantes.

Les politiques relatives à la formation des enseignants ne prennent pas spécifiquement en considération la perspective de genre, que ce soit dans la formation initiale ou dans le cadre des activités de développement professionnel continu des professeurs ou directeurs d’école. La formation aux questions d’égalité des sexes dépend largement de l’initiative individuelle des prestataires de formation.

 Les politiques d’égalité des genres dans l’enseignement supérieur mettent principalement l’accent sur la ségrégation horizontale

Dans la plupart des pays qui se sont dotés d’une politique d’égalité des genres dans l’enseignement supérieur, celle-ci a pour principal objectif de remédier à la ségrégation horizontale et aux différents choix des filières d’études entre les femmes et les hommes. Presque toutes ces politiques et projets associés ciblent uniquement les filles ou les femmes. Seule une minorité de programmes est orientée vers les choix d’études des garçons ou des hommes.

Plus on monte dans la hiérarchie des carrières de l’enseignement supérieur, plus la proportion de femmes a tendance à diminuer. Cela peut sans doute s’expliquer en partie par le fait que des effectifs importants de femmes sont entrés relativement récemment à l’université et ont choisi une carrière universitaire, mais il convient aussi de noter que le « plafond de verre » résulte en partie de la culture masculine dominante qui existe généralement en milieu universitaire. Mais seule une minorité de pays sont concernés par ce phénomène et un nombre encore plus réduit de pays ont mis en oeuvre des mesures politiques concrètes ciblant la ségrégation verticale.


Conclusion

 Conclusion

Depuis l’émergence de la deuxième vague féministe dans les années 1970, différentes politiques et stratégies ont été proposées pour stimuler le changement de climat et des mentalités dans les écoles et les pratiques éducatives à l’égard des questions de genre (chapitre 1). Bon nombre d’entre elles ont été mises en oeuvre à petite échelle et de façon sporadique mais, considérées globalement et grâce à l’appui de la législation et de réformes, elles ont eu un impact considérable. Ces stratégies et ces initiatives, souvent axées sur les désavantages des femmes dans le domaine de l’éducation, dans de nombreux pays, ont certes modifié de façon significative les modèles de genre dans l’éducation au cours des 30 dernières années. Néanmoins, l’inégalité de genre est toujours d’actualité, même si on ne peut plus considérer que ce problème concerne uniquement les filles et les femmes. Les discussions récentes sur le genre ont le mérite d’avoir déplacé le centre du débat du questionnement initial sur les stéréotypes féminins vers le questionnement sur le concept de la masculinité.

Cette étude a examiné si et comment les pays européens abordent la question de l’égalité des genres dans le cadre de leurs politiques en matière d’éducation. Elle a montré que si la plupart des pays ont les mêmes préoccupations, ils ciblent des questions différentes et à des degrés différents. Cette conclusion résume d’abord les priorités majeures des politiques d’égalité des genres en Europe, puis présente les orientations possibles que les mesures politiques pourraient prendre afin de contrebalancer les inégalités existantes.

Problèmes d’égalité des genres ciblés par les pays européens

L’égalité des genres a plusieurs définitions et a été adaptée à divers contextes. La présente étude montre que l’égalité des genres est abordée différemment dans les pays européens : elle est intégrée dans la législation de plusieurs façons et à des degrés différents et elle a plusieurs définitions. Dans la plupart des pays européens, on entend par égalité des genres dans l’enseignement, un traitement égal et des chances égales d’une part, et une égalité de résultats d’autre part.

L’analyse des politiques d’égalité des genres dans les pays européens a montré que leur objectif principal et prioritaire est de remettre en question les rôles et les stéréotypes de genre traditionnels et persistants (chapitre 3). Les pays européens appliquent différentes mesures pour atteindre cet objectif telles que l’orientation professionnelle, l’enseignement soucieux d’égalité des sexes ou la révision des programmes (chapitres 4 et 8). Cependant, aujourd’hui, les écoles en Europe sont loin d’utiliser tous les moyens possibles pour éradiquer les rôles de genre traditionnels. Les garçons et les filles sont encore fortement conditionnés par les concepts traditionnels des rôles de genre en ce qui concerne ce qu’ils peuvent et doivent faire dans leur future vie professionnelle (et privée).

Le point faible des mesures actuelles résiderait dans le fait qu’elles se concentrent essentiellement sur les filles. Ainsi, alors que l’intérêt des filles pour la technologie suscite beaucoup d’attention, on s’intéresse moins aux garçons et à leur éventuel accès aux professions liées aux soins. Cependant, les rôles de genre ne peuvent être remis en question de façon efficace que si le changement se fait dans les deux sens.

Dans la lutte contre les stéréotypes de genre traditionnels, la démarche visant à cibler des profils de résultats liés au genre relève d’une priorité politique spécifique. Ceci est particulièrement lié à la sous-performance scolaire des garçons à l’école. Cependant, comme le montre le chapitre 5, peu de stratégies nationales sont directement concernées par ce problème.

La deuxième priorité politique importante définie spécifiquement dans plusieurs politiques concerne la lutte contre la violence et le harcèlement fondés sur le sexe. Cependant, la plupart des actions semblent limitées aux projets et aux initiatives individuels souvent liés à la participation d’ONG et non à des stratégies nationales spécifiques (chapitre 4).

Enfin, le renforcement de la représentation des femmes dans les postes décisionnels dans l’enseignement est une autre priorité politique majeure. Il ne s’agit pas vraiment d’une question nouvelle car la participation des femmes à des postes de direction en général est depuis un certain temps une préoccupation politique et qui a son importance dans la société. Les politiques mises en oeuvre dans ce sens visent à augmenter le nombre de femmes aux postes de chefs d’établissement et à leur faciliter l’accès à plus de postes de niveau élevé dans l’enseignement supérieur (chapitres 7 et 8). Si l’on examine les statistiques, la plupart des pays ont encore un long chemin à parcourir avant de parvenir à l’égalité des genres à cet égard. Certes, il existe des différences entre les pays européens dans le degré d’importance qu’ils accordent à ces différentes priorités politiques. Cela est en partie dû au fait que différents pays ont commencé à se préoccuper de l’égalité des genres et à élaborer des politiques dans ce sens à des moments différents, les nouveaux États membres de l’Europe centrale et orientale étant parmi les derniers à adhérer à cette question. En conséquence, bon nombre de ces pays ne sont pas dotés de cadres politiques relatifs à l’égalité des genres dans l’éducation ou bien leurs cadres sont moins complets, mettant souvent l’accent sur des politiques visant à lutter contre l’inégalité de genre sur le marché du travail. En revanche, certains pays qui se soucient de l’inégalité de genre depuis des décennies se sont depuis orientés vers des questions relatives à des inégalités plus spécifiques ou plus générales. Par exemple, le Danemark a évolué vers une intégration plus large de l’égalité plutôt qu’une intégration de la dimension de genre, ce qui reste à mettre en oeuvre au Royaume-Uni (chapitre 3). Ces développements montrent que l’égalité des chances est une question à multiples facettes nécessitant des réponses politiques multiples.

Mesures possibles pour lutter contre les inégalités de genre

Les questions mentionnées ci-dessus font partie de tout un modèle complexe où le genre et ses connotations culturelles interagissent. La recherche a exploré les moyens d’aborder ces questions d’égalité à la fois au niveau de l’école et au niveau politique. Le rôle de cette section est de mettre en lumière les mesures susceptibles de répondre à ces questions politiques.

Méthodes d’enseignement, enseignants et organisation scolaire

Remettre en question les rôles et les stéréotypes de genre existant dans les écoles n’est une tâche aisée ni pour les décideurs politiques ni pour les praticiens sur le terrain (enseignants, chefs d’établissement, conseillers, etc.). La mesure la plus souvent citée dans la littérature concerne l’élimination des stéréotypes sexistes par la révision des manuels scolaires, du matériel de lecture et d’affichage, des questions d’examen, etc. D’autres mesures consistent à renforcer le travail dirigé par l’enseignant, à alterner le travail en binome mixte et en groupe non mixte selon le cas, ou à proposer une offre plus importante de soutien d’apprentissage. Enseignants et chefs d’établissement ont également besoin de conseils pratiques sur le contexte juridique de l’égalité des genres et sur la façon de développer un climat scolaire approprié ainsi que des informations sur l’enseignement, le contenu des disciplines et l’évaluation (Myers et al., 2007).

En termes d’organisation des disciplines et d’élaboration des emplois du temps dans les écoles, les études montrent que la façon dont les disciplines sont proposées aux étudiants peut changer les modèles de genre en matière de participation. Le caractère obligatoire des disciplines « typiquement » masculines ou féminines ou un choix restreint peut influencer les modèles de participation (Smyth & Darmody, 2007).

Instaurer de bonnes relations entre les enseignants et les élèves est un facteur clé pour générer des changements de perception des genres dans les écoles et, en particulier, pour encourager les enseignants à avoir une attitude non discriminatoire et respectueuse à l’égard de leurs élèves. Cet objectif peut être atteint de plusieurs façons : par exemple, par le développement de politiques d’égalité des genres appliquées à l’ensemble de l’établissement scolaire, la surveillance de la dynamique de classe et les niveaux d’attention et de soutien apportés aux élèves.

Cependant, comme l’a souligné une revue des recherches récentes sur le genre et l’éducation, les attitudes des enseignants et des formateurs d’enseignants à l’égard des questions de genre sont souvent conservatrices et reproduisent les conceptions et les attentes traditionnelles stéréotypées des rôles. La plupart des enseignants ne sont pas formés sur la façon de promouvoir l’égalité des genres à l’école. En conséquence, tous les programmes de formation des enseignants devraient contenir un module de base sur l’égalité des genres. Les enseignants devraient être évalués sur leurs pratiques en matière d’égalité pendant les programmes de formation initiale et continue (Commission européenne 2009, p. 81).

S’agissant des avantages potentiels liés au fait de compter plus d’enseignants de sexe masculin dans les écoles, il n’y a aucune preuve claire de l’influence bénéfique d’une répartition plus équilibrée des sexes en termes numériques parmi les enseignants sur les performances des élèves. Seuls les enseignants (femmes et hommes) qui remettent en question leur propre rôle de genre et celui de leurs élèves peuvent générer un changement (DCSF, 2008). Les chercheurs critiquent la forte féminisation de la profession d’enseignant car cette tendance favorise les filles et risque finalement d’être responsable des sous-performances scolaires des garçons (Skelton, 2002). Toutefois, le fait de coller une étiquette « féminine » sur le métier d’enseignant, notamment aux niveaux préprimaire et primaire, signifie souvent que la profession manque de statut et de reconnaissance, ce qui se reflète dans le salaire et les conditions de carrière (Mills et al., 2004). Cependant, le fait d’attirer plus d’hommes dans les professions liées aux soins et donc de contrebalancer les déséquilibres de genre est encore une orientation potentielle que les responsables politiques, les écoles et les conseillers devraient envisager. Cela va de toute évidence de pair avec la promotion des femmes aux postes de direction des établissements et la remise en question des rôles de genre traditionnels en ce qui concerne les deux sexes.

Analyse et interprétation des données de performance

La collecte et l’analyse des informations les plus récentes sur les profils de genre actuels, notamment compte tenu de la rapidité à laquelle les rapports de genre évoluent depuis récemment, ont été considérées comme bénéfiques pour l’égalité des genres (Arnot et al., 1999, Sukhnandan et al., 2000). Ainsi, le gouvernement, les autorités locales et les écoles sont invités à collecter et à analyser les données de performance, telles que les schémas de sous-performance, d’autres schémas où des différences de genre interviennent (par exemple, rupture scolaire, exclusions ou absentéisme), les élèves à risque et à identifier les autres facteurs contribuant aux différences de genre.

D’une manière générale, les données montrent qu’il existe peu d’initiatives en place visant à aborder les profils de genre en matière de résultats scolaires. Ceci pourrait être dû au fait que la relation de cause à effet est complexe dans ce contexte car la réussite scolaire dépend de plusieurs facteurs. Fait intéressant, de nombreux pays ont développé des mesures ciblées sur des groupes d’élèves ayant un faible statut social. Bien que ces initiatives prises seules pourraient ne pas suffire à combattre toutes les formes de sous-performance scolaire, elles sont néanmoins cruciales. Les résultats des enquêtes internationales et nationales (chapitres 2 et 5) montrent dans quelle mesure l’impact du statut social est important dans ce contexte.

L’interaction entre le genre, la classe sociale et l’ascendance allochtone influe sur le comportement de l’élève et par conséquent sur ses performances. Une politique centrée sur une seule source d’inégalité sociale pourrait masquer la complexité des expériences au sein d’un groupe spécifique et conduire à des solutions trop simplistes (Tinklin et al., 2003).

Améliorer la sous-culture scolaire

Tenter de transformer l’impact négatif de certaines sous-cultures scolaires et attitudes négatives à l’égard du travail scolaire des garçons ou de certains groupes de garçons (et parfois de filles) pourrait également influer de façon positive sur l’égalité des genres. Les stratégies consistent notamment à encourager un comportement et des attitudes plus mûrs vis-à-vis des études, et à faciliter une culture scolaire où les élèves (de sexe masculin) peuvent réussir à l’école sans craindre un comportement ridicule ou perturbateur. Warrington et al. (2006) identifient les éléments clés pour les écoles. Par exemple, ces dernières doivent exiger des niveaux élevés d’autodiscipline, s’engager à valoriser la diversité à travers le contenu des programmes et les activités scolaires, et susciter le sentiment de fierté au travail et dans le comportement. Les membres du personnel doivent faire prendre conscience aux élèves que leurs progrès scolaires et leur satisfaction à l’égard de leur école sont valorisés.

Participation des parents

Le soutien des parents est essentiel à la promotion de l’égalité des genres dans les écoles. On a constaté que l’égalité des genres est renforcée lorsque les parents s’impliquent dans les travaux généraux des écoles, participent à des projets spécifiques liés au genre et aident au développement d’une culture scolaire plus orientée vers l’égalité (Condie et al., 2006). Il est également important de créer des espaces et des opportunités où les parents moins privilégiés ont une voix et une représentation. Cet objectif pourrait être atteint par la mise à disposition de différentes formes de soutien telles que des brochures d’information, des permanences sans rendez-vous et des groupes de discussion (Maguire, 2007). Ceci est particulièrement important car, comme déjà souligné dans le chapitre 1, les parents sont un lien avec le monde extérieur, ce qui n’assure pas nécessairement une égalité des chances.

Établir un lien entre l’évaluation et le financement et les critères d’égalité de genre

Les questions d’égalité des genres pourraient être incluses dans les listes de critères concernant l’évaluation des écoles. L’inclusion de la perspective de genre dans les plans de développement des écoles, par exemple, ou l’amélioration de la représentation des femmes dans les organes de gestion des écoles pourraient être considérées comme des critères.

Établir un lien entre l’égalité des genres en termes numériques et le financement des établissements d’enseignement supérieur, comme c’est le cas dans certains pays européens, pourrait constituer une approche efficace pour améliorer la représentation des femmes (voir Eurydice, 2008a). Cela peut se traduire par l’introduction de critères liés à l’égalité des genres dans les formules de financement pour calculer le montant des subventions publiques destinées aux établissements d’enseignement supérieur, ainsi que dans les « contrats de performance » (Eurydice 2008a, p. 57). Par exemple, les établissements doivent inclure la répartition par sexe de leur personnel dans leurs objectifs stratégiques en rapport avec le financement.


Il existe bien entendu beaucoup plus de mesures visant à promouvoir l’égalité des genres dans les écoles et les établissements d’enseignement supérieur. Toutes les mesures n’ont pas le même degré d’importance dans tous les pays et dépendent largement de la situation de l’égalité des genres dans un pays donné. De toute évidence, toute stratégie ou mesure expérimentée ou adoptée dans ce domaine doit être surveillée et évaluée régulièrement et adaptée aux contextes changeants.

Si l’on se penche sur le tableau comparatif des préoccupations politiques identifiées et des mesures prises, on constate que même s’il existe une multitude d’initiatives individuelles dans les pays européens, une stratégie générale et des plans de mise en oeuvre qui feraient partie d’une politique d’égalité des genres efficace font défaut dans bon nombre de pays.

L’éducation est un instrument puissant permettant de changer les attitudes et les comportements. Les systèmes éducatifs jouent par conséquent un rôle majeur dans la promotion de l’égalité des chances pour tous et dans la lutte contre les stéréotypes. Les écoles ont le devoir d’offrir à tous les enfants l’opportunité de découvrir leur propre identité, leurs forces et leurs intérêts indépendamment des attentes traditionnelles liées au genre masculin ou féminin.

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