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Pour en finir avec les fantasmes en tous genres

Mercredi 12 juin 2013


Texte paru dans Libération du 11 juin 2013, p. 24 :
www.liberation.fr/societe/2013/06/10/en-finir-avec-les-fantasmes-en-tous-genres_909684

Par Anne-Emmanuelle Berger, professeure de littérature française et d’études de genre, GIS Institut du genre, CNRS, et Michèle Riot-Sarcey, historienne, présidente de la fédération du Réseau interuniversitaire et interdisciplinaire national sur le genre (Ring)



Nous, universitaires, enseignons le genre en philosophie, histoire, littérature, sociologie, anthropologie, économie, droit, psychanalyse, biologie, sciences du vivant, arts, sciences politiques… dans des cours et séminaires de recherche qui existent déjà depuis de nombreuses années et attirent un public de plus en plus nombreux. Le genre est un outil d’analyse employé dans diverses disciplines pour saisir la construction sociale, culturelle, langagière et scientifique des différences entre les sexes. Il permet, notamment, de mettre en évidence et d’étudier les assignations dissymétriques et hiérarchiques des rôles et des fonctions sociales entre hommes et femmes.

Ce mode d’analyse vise à comprendre comment et pourquoi, en dépit de l’égalité de droit, persistent, voire se renforcent, des inégalités de fait. Dans un temps de crise et d’inquiétudes majeures, nous pensons que la plupart des dysfonctionnements de nos sociétés sont liés aux inégalités et à la domination de quelques-uns sur l’immense majorité des autres. Au cœur de cette réalité s’est déployée, au cours des siècles, la domination sociale, politique, culturelle, sexuelle et symbolique des hommes sur les femmes. Ainsi voit-on, par exemple, la pauvreté frapper aujourd’hui plus durement les femmes. Cette inégalité entre les femmes et les hommes est le verrou qu’il faut lever pour combattre efficacement et durablement les autres.

Les études de genre permettent d’expliquer pourquoi la liberté des unes est restée longtemps incompatible avec la liberté des autres : il a fallu attendre 1965 pour que les femmes puissent, en France, travailler sans l’autorisation de leur mari. Cette inégalité, véhiculée aussi par la langue, informe durablement les représentations, les pratiques et les valeurs de nos sociétés. A titre d’exemple, longtemps un « homme public » a désigné un homme politique tandis qu’une « femme publique » désignait une prostituée. Aujourd’hui, on déplore le trop faible nombre de femmes à des postes de responsabilités politiques et professionnelles et la trop faible implication des hommes dans la sphère domestique. Les études de genre analysent l’origine et la complexité des résistances en rendant possible une évolution de la société.

En déconstruisant les stéréotypes du masculin et du féminin, en mettant en évidence la dimension culturelle et située des normes sexuelles, les études de genre font apparaître que le lien entre sexe, genre et sexualités n’est pas commandé par une « nature » immuable, l’idée de nature ayant elle-même historiquement varié, et n’étant pas universelle. Elles ont ainsi contribué à lutter contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et aux identités de genre.

C’est dire qu’il n’y a pas une théorie du genre, fantasme entretenu par ceux et celles que la perspective d’une égalité effective dérange ou effraie, mais des études de genre. Tous les champs du savoir sont concernés et notre rôle est de revisiter les disciplines sous cet angle. C’est pourquoi nous avons, pour plusieurs d’entre nous, contribué à la rédaction du rapport Egalité entre les femmes et les hommes. Orientations stratégiques pour les recherches sur le genre (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/134000070/index.shtml). La mission de formation critique de l’Université et la demande croissante des étudiant.e.s soucieux de comprendre notre monde et de chercher des réponses nous donnent pour tâche de développer ce domaine de recherche. Il en va de la construction d’un avenir plus démocratique pour nos sociétés.


Christine Planté, professeure de littérature française, professeur, Université de Lyon 2
Mercedes Yusta, professeure d’histoire de l’Espagne contemporaine, Université Paris 8
Azadeh Kian, professeure de sociologie, Université Paris Diderot, CEDREF
Valérie Pouzol, maîtresse de conférences d’histoire, Université Paris 8
Anne-Sophie Godfroy, maîtresse de conférences en philosophie, Université Paris-Est Créteil
Sylvie Steinberg, maîtresse de conférences d’histoire, Université de Rouen
Laurence Mullaly, maîtresse de conférences d’études cinématographiques, Université Bordeaux 3
Jules Falquet, maîtresse de conférences de sociologie, Université Paris Diderot
Anna Bellavitis, professeure d’histoire, Université de Rouen

Signataires :

Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine, Université d’Angers
Sandra Boehringer, maîtresse de conférences d’histoire de l’Antiquité, Université de Strasbourg
Marc Calvini-Lefebvre, maître de conférences de civilisation britannique du XIXe siècle, Université Aix-Marseille
Peggy Cénac, maîtresse de conférences en mathématique, Université de Bourgogne
Laure Chantrel, maîtresse de conférences en économie, Université Montpellier 3
Sylvie Chaperon, professeure d’histoire, Université Toulouse 2 Le Mirail
Yannick Chevalier, maître de conférences de stylistique française, Université Lyon 2
Isabelle Collet, maître d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation, Université de Lausanne
Sigolène Couchot-Schiex, maîtresse de conférences en STAPS, Université Paris-Est Créteil
Jérôme Courduriès, maître de conférences d’anthropologie, Université Toulouse 2 le Mirail
Sylvette Denèfle, professeure de sociologie, Université François Rabelais, Tours
Christine Détrez, maîtresse de conférences de sociologie, Ecole Normale Supérieure de Lyon
Nicole Edelman, professeure d’histoire, Université Paris Ouest Nanterre
Laurence Ellena, maîtresse de conférences en sociologie, Université de Poitiers
Philippe Enclos, maître de conférences en droit privé, Université de Lille 2
Farinaz Fassa Recrosio, professeure assistance de sociologie de l’éducation, Université de Lausanne
Eric Fassin, professeur de sociologie, Université Paris 8
Estelle Ferrarese, professeure de sciences politiques, Université de Strasbourg
Erika Flahault, maîtresse de conférences en sociologie, Université du Maine
Christine Fontanini, maîtresse de conférences en sciences de l’éducation, Université Montpellier 3
Marie-Dominique Garnier, professeure de littérature anglaise, Université Paris 8
Bertrand Geay, professeur de sociologie, Université de Picardie
Odile Goerg, professeure d’histoire de l’Afrique contemporaine, Université Paris Diderot
Ludovic Gaussot, maître de conférences en sociologie, Université de Poitiers
Yvonne Guichard-Claudic, maîtresse de conférences de sociologie, Université de Bretagne occidentale Brest
Stéphanie Guyon, maîtresse de conférences en sciences politiques, Université de Picardie Jules Verne
Nassira Hedjerassi, professeure de sociologie, Université de Reims
Stéphanie Hennette Vauchez, professeure de droit public, Université Paris Ouest Nanterre
Gabrielle Houbre, maîtresse de conférences en histoire, Université Paris Diderot
Anne Hugon, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, Université Paris 1
Anne Jollet, maîtresse de conférences en histoire moderne, Université de Poitiers
Isabelle Lacoue-Labarthe, maîtresse de conférences d’histoire, IEP de Toulouse
Karine Lambert, maîtresse de conférences d’histoire, Université de Nice
Nathalie Lapeyre, maîtresse de conférences de sociologie, Université Toulouse 2 Le Mirail
Laurie Laufer, psychanalyste, professeure de psychopathologie clinique, Université Paris Diderot
Sandra Laugier, professeure de philosophie, Université Paris 1
Annie Lechenet, maîtresse de conférence en philosophie, IUFM/Université Lyon 1
Marylène Lieber, professeure associée en sociologie, Université de Genève
Fanny Lignon, maître de conférences de cinéma audiovisuel, Université Lyon 1
Hélène Marquié, maîtresse de conférences au Centre d’Etudes féminines Etudes de genre - Arts, Université Paris 8
Cendrine Marro, maîtresse de conférences en psychologie et sciences de l’éducation, Université Paris Ouest Nanterre
Marie-Louise Martinez, professeure de philosophie de l’éducation, Université de Rouen
Frédérique Matonti, professeure de Science politique, Université Paris 1
Patricia Mercader, professeure de psychologie sociale, Université Lyon 2
Pascale Molinier, professeure de psychologie sociale, Université Paris 13 Nord
Christine Morin-Messabel, maîtresse de conférences en psychologie, Université Lumière Lyon 2
Natacha Ordioni, maîtresse de conférences de sociologie, Université du Var-Toulon
Véronique Perry, enseignante d’anglais et de français-langue-étrangère, Université Toulouse 3
Roland Pfefferkorn, professeur de sociologie, Université de Strasbourg
Alain Policar, professeur de sciences sociales, Université de Limoges
Vincent Porhel, maître de conférences en histoire, Université Lyon 1
Bertrand Porot, maître de conférences en histoire de la musique baroque, Université de Reims
André Rauch, professeur émérite, Université de Strasbourg
Frédéric Regard, professeur de littérature anglaise, Université Paris IV
Rebecca Rogers, professeure en histoire de l’éducation, Université Paris 5 Descartes
Muriel Salle, maîtresse de conférences de sciences de l’éducation, Université Lyon 1
Pauline Schmitt Pantel, professeur d’histoire émérite, Université Paris 1
Sylvie Schweitzer, professeure d’histoire contemporaine, Université Lyon 2
Marta Segarra, professeure de littéture française, Université de Barcelone
Nadia Setti, professeure en études genre et littérature comparée, Université Paris 8
Merete Stistrup Jensen, maître de conférences en littérature comparée, Université Lyon 2
Laurence Tain, maîtresse de conférences, Université Lyon 2
Florence Tamagne, maîtresse de conférences en histoire contemporaine, Université Lille 3
Armelle Testenoire, maîtresse de conférences en sociologie, Université de Rouen
Marianne Thivend, maîtresse de conférences d’histoire, Université Lyon 2
Isabelle Tournier, maîtresse de conférences en littérature, Université Paris 8
Catherine Tourre-Malen, maîtresse de conférences en Anthropologie, Université Paris-Est Créteil
Eleni Varikas, professeure émérite de sciences politiques, Paris 8
Éliane Viennot, professeure de littérature française, Université Jean _ Monnet Saint-Étienne, Institut Universitaire de France
Élise Vinet, maîtresse de conférences en psychologie sociale, Unisersité Lyon 2
Daniel Welzer-Lang, professeur de sociologie, Université Toulouse 2 Le Mirail

Avec le soutien de :

Florence Rochefort, chargée de recherche en histoire, UMR EPHE, Paris. Directrice de l’Institut Emilie du Châtelet
Jocelyne Arnoux, psychologue, clinicienne, Martinique
Pascale Barthélémy, présidente de l’Association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre - Mnémosyne
Marc Bessin, chargé de recherche, IRIS CNRS, Paris
Françoise Bianco, doctorante en sciences de l’information et de la communication, Université de Nice -Sophia Antipolis
Paul Bouffartigue, directeur de recherche en sociologie, Laboratoire d’Economie et de Sociologie du Travail, Aix-en-Provence
Claudy Bouyon, linguiste en retraite
Claire Chatelain, chargée de recherche en histoire moderne, IRHIS CNRS, Lille
Natacha Chetcuti, sociologue, CESP-INSERM
Ioana Cîrstocea, chargée de recherche, SAGE CNRS, Strasbourg
Elizabeth Claire, chargée de recherche en histoire, CNRS-EHESS, Paris
Pierre Cours-Salies, professeur de sociologie, Université Paris 8
Magali Della Sudda, chargée de recherche, UMR Centre Emile Durkheim, Bordeaux
Christine Delphy, directrice de recherche honoraire, CNRS
Randi Deguilhem, directrice de recherche, UMR Telemme, MMSH Aix-en-Provence
EFiGiES, association de jeunes chercheuses et chercheurs en Etudes Féministes, Genre et Sexualité
Caroline Fayolle, doctorante en histoire, Université Paris 8
Agnès Fine, directrice d’études en anthropologie, EHESS
Artemisa Flores Espínola, doctorante en sociologoe, CRESPPA-CSU, Paris
Nicole Fouché, chargée de recherche, CENA CNRS
Catherine Giard, psychologue, Reims
Fabio Giomi, docteur en histoire, CETOBAC EHESS
Claudine Guiard, chercheuse associée, UMR Telemme, Aix-en-Provence
Louis-Pascal Jacquemond, inspecteur d’académie honoraire, Paris
Elodie Jauneau, docteure en histoire, Université Paris Diderot
Christiane Klapisch Zuber, directrice d’études retraitée, EHESS
Pascal Lederer, directeur de recherche émérite en physique, CNRS
Nadine Lefaucheur, chercheuse en sociologie associée à l’Université des Antilles et de la Guyane
Ilana Löwy, directrice de recherche, INSERM
Véronique Manry, chercheur contractuel, UMR Laboratoire Méditerranéen de Sociologie, Université Toulouse 2 Le Mirail
Sophie Noyé, doctorante et enseignante, Sciences Po Paris
Gaël Pasquier, doctorant en sciences de l’éducation, Université Paris Ouest Nanterre
Evelyne Peyre, chargée de recherche, Eco-Anthropologie et Ethnobiologie, UMR 7206, CNRS
Véronique Poutrain, chercheuse associée à GeFeM, UMR Telemme, MMSH Aix-en-Provence
Sandrine Ricci, chargée de cours et doctorante en sociologie, UQAM, Québec
Anne Verjus, chargée de recherche en sciences politiques, UMR Triangle, CNRS, Lyon
Catherine Viollet, chargée de recherche, ITEM, CNRS-ENS

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