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Conférence de présentation du guide pour la mise en oeuvre de la CIDE à partir de l’approche de genre, 10 juin 2014 Intervention de Ken Okada, coordinateur du programme JADE et Aliya Javer, jeune ambassadrice des droits de l’enfantMardi 17 juin 2014 |
Le programme JADE, est une action du Défenseur des Droits. Nous sommes à la 8ème promotion. Les JADE sont des jeunes en service civique qui présentent les droits de l’enfant tel qu’énoncés dans la CIDE, et le rôle et les missions du Défenseur des droits.
Cette année, le programme JADE s’est développé à un autre thème qui est celui de la promotion des droits et la lutte contre l’inégalité. A ce jour il y a 44 JADE répartis sur 15 départements (IDF, Rhône, Isère, Bas-Rhin, La Loire La Réunion et Mayotte). Pour exemple, 25 000 enfants ont été sensibilisés cette année.
Les JADE ont pour mission de sensibiliser un maximum d’enfants, dans les collèges et accueils de loisirs, à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. Parmi les droits présentés, il y a le droit à l’égalité pour chaque enfant.
Dans ce cadre, les JADE sont amenés à discuter de l’inégalité garçon / fille. Généralement, les jeunes savent que cela existe. Il faut noter que, pour eux, il s’agit davantage d’une réalité internationale (réactions concernant la place des filles à l’école ou en Chine par exemple) voire, d’une histoire d’adultes (différences de salaire entre les hommes et les femmes) que d’un problème à leur échelle. Les garçons et les filles sont égaux et peuvent faire ce qu’ils veulent, chacun est libre de ses choix.
En essayant de pousser le débat sur la question, différents points de vue surgissent et démontrent que l’égalité n’est pas automatique car les stéréotypes persistent :
Concernant la cuisine, il n’y a pas de problème ; autant les garçons que les filles peuvent s’atteler à la tâche (notamment grâce aux émissions comme Top Chef etc.)
A propos du football, les avis sont plutôt mitigés. Certes, il existe une équipe féminine et une équipe masculine. Néanmoins, il n’existe pas d’équipe mixte car les filles sont « moins fortes » que les garçons. Les filles en France sont fortes mais, elles gagnent contre des filles, et non contre des garçons. Quelques jeunes, voulant rentrer dans le débat avec la classe, ont des remarques telles que « Si l’équipe féminine de football était plus présente dans les médias, on penserait peut-être à faire une équipe mixte plus tard » ou encore « Il suffit de les entrainer de la même façon ».
Pour la danse classique, les JADE entendent souvent qu’il s’agit d’un sport de filles. Les garçons peuvent faire du hip-hop, pour danser, mais la danse classique n’est pas masculine. En plus, les garçons portent des collants et, même s’ils font ce qu’ils veulent, ce sont des garçons efféminés. Là encore, certains jeunes répondent que la danse classique est un sport de garçon à la base (cela suscite beaucoup d’étonnements) et qu’il faut être fort et musclé pour réussir les portées et autres figures de danse assez techniques.
Cette intervention suscite quelques questions sur l’acceptation des jeunes quant aux choix des autres (exemple du rejet d’une personne qu’on trouve « différente » qui peut aboutir à des violences au final). Aussi, les JADE parlent de discrimination (définition et sanctions) et font face à des doutes sur l’acceptation réelle des autres (« Je refusais de prendre des filles dans l’équipe de foot, je vais aller en prison car c’est une discrimination ? ».
Les JADE, lors de leur deuxième intervention, créent une animation sur le droit choisi par les jeunes. Cela permet de traiter plus profondément ce droit de manière ludique. Un des binômes JADE a créé une animation sur le thème "Droit à l’égalité pour chaque enfant".
Dans un premier temps, des groupes créent 3 questions sur un thème (sexisme, homophobie, handiphobie etc.). Puis, chaque groupe doit poser ses questions à un autre groupe pour créer un micro trottoir en live. La consigne étant la liberté d’expression et d’opinion car les JADE veulent que les jeunes parlent librement et débattent sur leurs idées.
Au niveau du sexisme, la question récurrente est celle de la poupée pour les garçons (« Offrirez-vous une poupée à un garçon pour Noël ? » ou encore « Est-ce que cela vous dérange de voir un garçon avec une poupée ? Si oui, pourquoi ? »). Ces questions donnent lieu à de forts débats au sein des classes. Il faut noter que les stéréotypes concernant les filles sont atténués (elles peuvent jouer avec une voiture, faire un sport plus « masculin » comme la boxe, etc.) que ceux concernant les garçons, qui sont vite qualifiés d’efféminés.
Les JADE, voulant démontrer que l’égalité est le fruit d’une réflexion car les stéréotypes et les préjugés sont ancrés chez tout individu, discutent justement sur ces stéréotypes et préjugés qui peuvent se caractériser par des actes, tels que la discrimination ou les actes violents (violence verbale, morale, physique, etc.) ; même si nous ne faisons pas comme les autres, il ne faut pas rejeter les personnes qu’on estime différentes parce que derrière un jugement, il y a une personne avec des sentiments comme chacun d’entre nous.
Par exemple, il y a une comparaison entre les poupées de « fille » et les figurines de « garçons ». Ce sont des poupées et seule l’histoire créée par les enfants change ; il s’agit, pour la nomination, d’une question de point de vue.
Il y aussi des JADE spécialisés dans les questions de discrimination. Ces derniers interviennent dans des lycées et des CFA.
Les JADE ont remarqué que dans les CFA, lorsque la composition des classes était exclusivement masculine, il semblait évident aux jeunes que les filles et les garçons étaient inégaux. Le fait de ne pas côtoyer de filles dans leur filière confirmait leurs préjugés (par exemple : les filles ne peuvent pas faire des métiers pour hommes comme ceux du bâtiment qui sont trop difficiles et physiques). De ce fait, les JADE ont entendu certaines remarques telles que : « c’est normal que les femmes soient moins payées », « c’est à l’homme de ramener l’argent à la maison », « une femme qui tombe enceinte, c’est normal qu’elle se fasse virer » ou encore, « j’aurais honte si ma femme gagnait plus que moi ».
Il y a eu une classe avec une seule fille au sein des CFA. Dans ce contexte, la fille était très bien intégrée et ses camarades trouvaient normal qu’il y ait des filles dans les métiers du bâtiment.
Au niveau des lycées professionnels, les JADE ont remarqué que les jeunes acceptaient assez bien l’idée que des hommes fassent des métiers qualifiés de « féminins » comme ceux dans la petite enfance.
Dans le cadre de leur mission de service civique de 9 mois, le Défenseur des droits met en place une large formation pour les jeunes qui s’engagent. Les volontaires sont issus de formations diverses, et ont des profils variés. C’est pourquoi, une formation d’un mois est proposée afin de permettre aux JADE d’une part d’acquérir des connaissances sur les 12 droits que nous présentons aux enfants, exemples : protection de la vie privée, droit à l’égalité, le droit à la protection contre toutes les formes de violences … et d’autre part de pouvoir présenter les missions du Défenseur des droits.
L’idée de la formation est de décliner thématique par thématique à la fois une approche juridique sur la CIDE, et sur le droit français, et des experts et professionnels illustrent l’application de ces différents droits devant les JADE. Exemple la CNIL.
C’est dans ce cadre que Adéquations viendra en octobre lors de la prochaine formation des JADE, présenter au JADE sa vision de la thématique du genre, mais également des conseils pour que les JADE puissent aborder cette thématique avec les enfants.
Adéquations peut ainsi armer les JADE à pouvoir animer le débat sur le thème de l’égalité fille / garçon, lorsque les JADE interviennent sur le droit à l’égalité et parlent de l’homophobie, du racisme et du sexisme...
Vu l’interdépendance des droits de la Convention, Adéquations peut également intervenir dans la formation des JADE sur le droit à la protection contre toutes les formes de violences notamment sexistes. Les outils de prévention en ligne et le catalogue des ressources en ligne pourront être présentés aux JADE et mis en ligne sur le site du DDD au sein de l’espace ressources pour adultes. Les JADE pourront s’en servir tout au long de leur mission lorsqu’ils prépareront leurs animations et lors de leurs interventions.