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Témoignage de Kamel Benmouhoub

Mardi 13 septembre 2016

Kamel Benmouhoub est professeur d’anglais et vice-président de Femmes Contre les Intégrismes. Il décrit ici son profond respect pour une mère se battant contre le système patriarcal, analyse la part de responsabilité des institutions et de la famille dans la domination exercée par « les grands frères » dans les quartiers populaires…


Mots-clé : Prise de conscience • montée des intégrismes • les grands frères • les mères

Je travaille beaucoup sur les questions de rumeurs et de réputations

«  Ma sensibilité aux violences faites aux femmes remonte à l’enfance. Ma mère victime d’un mariage forcé, m’a eu à 16 ans. Quand elle a décidé de divorcer de mon père qui nous avait laissé tomber, elle a dû retourner en Algérie affronter le code de la famille. Plus tard, elle a souhaité s’engager dans une association féministe et je me sentais moralement obligé de tout faire pour la soutenir dans ce choix. C’est comme ça que je me suis peu à peu investi dans l’association Femmes Contre les Intégrismes dont elle est la présidente. J’ai aussi rejoint pour un temps l’association Ni Putes, Ni Soumises. Bien qu’ayant grandi dans un islam pacifique, je n’ai pas conservé la foi.

Féministe et laïque, ce n’est pas facile à faire passer dans la communauté maghrébine. Il m’arrive d’être pris à parti dans des débats comme si j’étais un traître...

Quand j’interviens auprès des jeunes, mon objectif est de les faire adhérer à une masculinité libre. Une masculinité respectueuse des autres, respectueuse des femmes.

Jusque dans les années 2000, les institutions françaises ont énormément misé sur les "grands-frères". C’était au point où un garçon pouvait remplacer ses parents analphabètes à un rendez-vous avec les profs de ses frères et sœurs. Cela a contribué à ce que les grands-frères finissent par faire la loi dans les quartiers. S’est rajouté à ça "l’islam des caves", avec des jeunes endoctrinés et radicalisés à l’insu de leurs parents…

Pour les filles, c’est une énorme pression. Les garçons considèrent que leur propre réputation dépend de celle de leurs sœurs. Le tout dans un contexte de forte frustration sexuelle générée par les injonctions islamistes. Je travaille beaucoup sur ces questions de rumeurs et de réputations avec eux. Je les invite à renverser leur logique : "Ça rime à quoi de vous mettre en meute pour siffler une fille ? Plutôt que de serrer vos sœurs, si vous craignez pour leur sécurité, pourquoi ne faites-vous pas un travail sur vous et auprès des gars du quartier pour qu’elles soient respectées ?".

Mais, c’est vrai qu’il y a aussi un gros travail à faire auprès des familles, y compris auprès des femmes. Bien des mères qui élèvent leurs fils dans la tradition maghrébine les dispensent des tâches ménagères et leur donnent tous les droits, dont celui de dominer leurs sœurs. C’est une forme d’apprentissage de la domination qu’ils devront exercer sur leur femme plus tard. Dans la logique patriarcale, l’homme doit être en mesure de mener sa famille à la baguette...  »

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