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La COP29 sur le climat, quel bilan ?

actualisé au 25 novembre 2024

Mercredi 9 octobre 2024, par Yveline Nicolas

La 29ème Conférence sur les changements climatiques s’est terminée sur un accord décevant sur l’enjeu principal : l’adoption d’un nouveau cadre pour le financement climat.
Les émissions de gaz à effet de serre, qui devraient baisser de 42 % d’ici 2030 et 57 % d’ici 2035, ont augmenté en 2023 de + 1,3 % par rapport à 2022 (Programme des Nations unies pour l’environnement). A ce rythme, le seuil de 1,5°C fixé par l’Accord de Paris sera atteint d’ici 2030 à 2035. La hausse du réchauffement climatique serait sur une trajectoire de + 2,6°C au cours du siècle et de dépassement de 3° à partir de 2100 (GIEC) .
Cet article est actualisé avec le bilan de la COP29.



 Bilan de la COP 29

Fin de la COP29 La COP s’est achevée samedi 23 novembre sur un accord minimaliste, pour un engagement financier d’au moins 300 milliards de dollars (soit 288 milliards d’euros) par an d’ici à 2035 de la part des pays du Nord (Union européenne, Etats-Unis, Canada, Australie, Japon, Nouvelle-Zélande) pour le financement climat des pays pauvres. Cf. ci-dessous. Les fonds (en dons et prêts) pourront venir de financements publics et privés et de sources "alternatives" (issues par exemple des enchères de quotas d’émissions de GES). Les pays en développement sont « encouragés » à contribuer, sur une base volontaire, ce qui vise des pays des "Suds" ayant des moyens, comme la Chine ou l’Arabie Saoudite.

Nouvel objectif collectif quantifié pour le financement climatique (New collective quantified goal, NCQG) : le document préparatoire de propositions sur le NCQG avait été rejeté dès l’ouverture de la COP. Les négociations se sont enlisées entre pays "riches" et pays "en développement" sur cet enjeu central de la COP29, l’adoption d’un nouveau cadre pour le financement climat. Ainsi que sur la plupart des autres sujets (Bilan mondial des émissions de gaz à effet de serre, atténuation, etc.). Le dernier document sur le "Nouvel objectif collectif quantifié" pour le financement climatique ne comporte aucun objectif chiffré. Document de négociation au 21/11 (en anglais). Vendredi 22 novembre, un chiffre de 250 milliards de dollars a été proposé, puis 300 milliards. Dernière version du document "New collective quantified goal on climate finance" adopté. Pour les pays des Suds et les organisations de la société civile, ce montant est ridicule par rapport au minimum nécessaire de 1300 milliards pour la transition énergétique et l’adaptation aux impacts du dérèglement climatique [1]. Les pays "développés", en premier lieu l’Union européenne et les Etats-Unis sont les responsables historiques de l’accumulation depuis deux siècles des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Mais ils estiment que les pays émergents et la Chine doivent maintenant également contribuer aux financements climat, au vu de leurs propres émissions.

Bilan mondial de l’Accord de Paris (Global Stocktake) : faute d’accord, les discussions continueront à partir de juin 2025 aux sessions des organes subsidiaires. Les autres thèmes centraux n’ont pas avancé non plus : Programme de travail pour une transition énergétique juste, atténuation des émissions de GES, sortie des énergies fossiles. La seule décision adoptée concerne l’Objectif mondial pour l’adaptation. Télécharger le texte final "Global goal on adaptation" (en anglais)

Marché mondial de crédits carbone. L’adoption rapide en début de COP29 de règles du nouveau mécanisme mondial de marché carbone sous l’égide de l’ONU (en application de l’article 6, parag. 4 de l’Accord de Paris de 2015), a donné le ton. L’article 6 de l’Accord de Paris a nécessité une dizaine d’année de négociations pour se concrétiser et il s’agit d’une approche par le marché. Les Etats et entreprises peuvent compenser des émissions de gaz à effet de serre en achetant des crédits carbone. Même si le texte prévoit des obligations en matière d’analyse d’impacts sociaux et environnementaux, nombre d’organisations de la société civile critiquent ce "MOCAP" (mécanisme d’octroi de crédit de l’accord de Paris ou Paris Agreement Crediting Mechanism, PACM), comme une "fausse solution" climat, qui retardera de vraies politiques de réduction des émissions de GES, comme l’a montré l’échec jusqu’à présent des marchés carbone (Protocole de Kyoto), les fraudes et projets néfastes qu’ils ont suscités.

Egalité femmes-hommes, genre : Le "Programme de travail renforcé de Lima sur le genre", qui constitue le cadre de prise en compte des questions de genre et climat, a été reconduit pour dix ans, soit 2034, avec une revue en 2029. Un nouveau Plan d’action genre sera élaboré pour la COP30 faisant suite au GAP adopté en 2017. Notre article sur le genre à la COP. Des pays, comme la Russie, l’Arabie Saoudite, refusent les notions de diversité (de genre) et d’intersectionnalité, promeuvent des reculs sur le respect des "droits humains". Le principal acquis de la COP29 a été la résistance à ces reculs sur les mentions figurant déjà dans les textes. Télécharger la Décision "Gender and climate change" (version 23 novembre, en anglais)

Parité femmes-hommes à la COP29 ? Selon Reporterre, "Parmi les 1 128 participants rattachés aux Nations unies, 46 % sont des hommes et 54 % sont des femmes. Une parité positive, dont s’approche également les près de 10 000 intervenants d’ONG, avec près de 48 % de femmes. Le fossé dans l’égalité de répartition se creuse en réalité du côté des personnes invitées par l’Azerbaïdjan — frôlant les 70 % de taux de masculinité —, mais aussi chez les journalistes, avec plus de 64 % d’hommes, et enfin dans les délégations nationales, où à peine plus de 6 100 femmes ont été accréditées sur 17 680 représentants". [2]

Manifestation interdite : d’habitude à chaque COP climat se tient une marche des organisations de la société civile. Elle a été interdite cette année à Baku. Le 16 novembre, les organisations de la société civile ont fait un "sit in" silencieux dans l’enceinte de la COP.

Représentants des industries fossiles : ils seraient près de 1800 à la COP 29, pour moitié accrédités dans les délégations nationales avec accès aux négociations officielles (et pour 132 d’entre eux invités directement par la présidence de la COP elle-même lobbyiste du pétrole). Selon le journal The Guardian, au moins 480 lobbyistes de la "capture et stockage de carbone" (Carbon Capture, Utilisation and Storage, CCUS) ont été accrédités, ce qui constitue une forte augmentation de leur présence cette année. [3]. Pour les organisations de la société civile, ces technologies industrielles controversées font partie des "fausses solutions climat".

Réformer les COP ? Le décalage entre l’urgence et l’inefficacité des COP climat est de plus en plus critiqué. Des personnalités, comme l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban-Ki Moon ou l’ancienne responsable climat de l’ONU Christiana Figueres ont publié une lettre ouverte appelant à réformer les COP. Elle insiste sur la nécessité de passer à des COP de mise en oeuvre au vu de l’urgence, une sélection plus rigoureuse du pays hôte, qui devrait être en phase avec la sortie des énergies fossiles, le renforcement de la redevabilité des engagements et politiques climat des pays, une représentation équitable, la reconnaissance du lien entre instabilité de la planète, pauvreté et inégalités.

Des organisations de la société civile boycottent les COP et organisent des "contre COP", comme en Afrique, la Conférence des peuples africains pour la justice climatique (APCC) et l’Assemblée des femmes Africaines sur le climat

COP 30 : la prochaine COP, très attendue, marquant les dix ans de l’Accord de Paris, se tiendra en novembre 2025 au Brésil à Belém. D’ici là, les contributions nationales déterminées (NDC) (plans d’action pour le climat) des pays doivent être présentée, en février 2025.

G20 : autre instance de "gouvernance" internationale, le G20, qui se tenait les 18 et 19 novembre au Brésil, a adopté sa Déclaration. Elle mentionne "l’inclusion sociale et la lutte contre la faim et la pauvreté, le développement durable, les transitions énergétiques et l’action climatique, la lutte contre la pauvreté, la réforme des institutions de la gouvernance mondiale". Mais la référence à “engager la transition hors des énergies fossiles” n’y figure pas. Au G20, le Brésil, l’ONU et l’Unesco ont lancé une Initiative mondiale pour l’intégrité de l’information sur le changement climatique (Global Initiative for Information Integrity on Climate Change). Il s’agit de renforcer les moyens de faire face aux campagnes de désinformation climato-sceptiques.

 Contexte climat et enjeux en discussion à la COP

Contexte et évolution du climat

Après la COP28 aux Emirats-Arabes-Unis en 2023, c’était au tour du continent européen d’accueillir la 29ème Conférence des Parties (COP) à la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique COP [4]. Présidée par l’Azerbaïdjan, pays membre de l’OPEP+, dont l’économie se fonde sur les hydrocarbures, la COP 29 se tient du 11 au 22 novembre 2024 dans la capitale Baku, au bord de la mer Caspienne en Asie centrale.

Cette fin d’année 2024 a la particularité d’être un moment où se tiennent les COP des trois Conventions internationales adoptées à l’issue du Sommet de la Terre à Rio (1992), climat, mais aussi Biodiversité et Lutte contre la Désertification. Les négociations finales pour un Traité contre la pollution par le plastique se tiennent aussi du 25 novembre au 1er décembre à Busan en Corée. [5]. C’est l’occasion de pointer les interactions de ces crises écologiques majeures.

Le réchauffement climatique d’origine humaine s’accélère, atteignant 1,20°C de hausse au cours de la décennie 2014-2023. L’année 2023 a été la plus chaude jamais enregistrée et 2024 pourrait atteindre voire dépasser le seuil de 1,5° fixé par l’Accord de Paris (selon l’Institut Copernicus) [6]. Le dérèglement du climat aggrave l’érosion massive de la biodiversité, la désertification et les sécheresses, qui elles-mêmes diminuent la capacité de stockage du carbone (par les sols, les océans) et d’adaptation. Dans son actualisation pour la COP29 de son rapport Etat du climat 2024, l’Organisation météorologique mondiale affirme : "Les précipitations et les inondations record, l’intensification rapide des cyclones tropicaux, la chaleur mortelle, la sécheresse incessante et les incendies de forêt ravageurs observés dans différentes parties du monde cette année sont malheureusement notre nouvelle réalité et un avant-goût de notre avenir".

Les 17 Objectifs de développement durable (ODD). l’horizon 2030 adoptés en 2015 n’ont aucune chance d’être atteints si le climat n’y est pas intégré de façon transversale, celui-ci ayant un impact sur 80 % de leurs cibles (de même que l’égalité femmes-hommes). [7]

Enjeux en négociation à la COP29

La COP29 sur le climat est présidé par Moukhtar Babayev, est le ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles de l’Azerbaïdjan (et ancien responsable de Socar, compagnie nationale pétrolière et gazière).

Cette Conférence des parties à la CCNUCC connait une affluence moindre que d’habitude, du fait des capacités des infrastructures d’accueil, des choix d’accréditation, de la non-venue de nombreux chefs d’Etat, de la tenue dans un Etat autoritaire aux propos plutôt hostiles aux pays occidentaux (de l’ordre de 50 000 participant-es). Comme l’année dernière aux Emirats-Arabes-Unis, les lobbyistes des industries fossiles ont été accrédités en nombre, figurant souvent dans les délégations officielles des Etats avec des badges d’accès aux négociations [8]).

Un débat central de cette "COP de la finance climat" est l’adoption d’un "nouvel objectif mondial pour le financement climatique" (New Collective Quantified Goal on Climate Finance, NCQG). Dès le début de la COP, le Document préparatoire de propositions sur le NCQG a été rejeté.

En 2009, les pays riches s’étaient engagés à aider les pays en développement à hauteur de 100 milliards de dollars / an (91,4 milliards d’euros) d’ici 2020, montant qui n’a été atteint qu’en 2022. Le GIEC estime les besoins de ces pays entre 1000 et 2 400 milliards de dollars par an d’ici 2030. La COP28 à Dubaï en 2023 a adopté le nouveau fonds pour les "pertes et dommages" causés par le changement climatique, actuellement placé sous l’égide de la Banque mondiale et dont les modalités vont continuer à être discutées à Baku.

Les besoins en financement concernent trois secteurs : l’atténuation des émissions, l’adaptation aux effets du changements climatiques et les pertes et dommages irréversibles (par exemple : la reconstruction d’infrastructures englouties par le recul côtier). Ces financements doivent être additionnels et non prélevés sur des engagements déjà existant comme l’Aide publique au développement.

L’Union européenne s’engage à mobiliser 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025, et à fixer un "objectif ambitieux" pour la période suivante. Un enjeu des financements climat est le ratio entre les fonds qui vont à l’adaptation et ceux pour la réparation des effets irréversibles des catastrophes climatique, ainsi que la place des subventions par rapport aux prêts. Ceux-ci représenteraient 70% des "aides" publique, qui alimentent donc l’endettement des pays pauvres et retournent au final vers les pays riches, additionné des intérêts.

Une discussion tendue se poursuit sur la contribution de pays qui ne figuraient pas sur la liste initiale des "pays riches" (pays de l’Annexe I) au moment de l’adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC ), et qui depuis, sont eux-mêmes industrialisés et émetteurs de gaz à effet de serre, comme les pays pétroliers du Golfe, la Chine (2ème économie mondiale, premier émetteur), l’Inde, Singapour et autres pays émergents (Afrique du Sud, Brésil). En émissions de GES cumulées historiquement (depuis environ 1850), les Etats-Unis restent les premiers responsables du changement climatique global.

Le changement de majorité présidentielle aux Etats-Unis (dont les émissions de GES avaient diminué de 1,9 % en 2023 notamment par la décarbonation de la production électrique), annonce une reconfiguration géopolitique, avec un gouvernement qui affirme que le réchauffement climatique est "un canular", un probable retrait de l’Accord de Paris (comme en 2016), un nouveau boom pétrolier et gazier au niveau national, l’affaiblissement de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) pour démanteler le droit de l’environnement et les réglementations existantes.

Après le premier "bilan mondial" de l’action climatique mené à la précédente COP, les Etats doivent présenter leurs documents de "Contributions déterminées au niveau national" (CND ou NDC), avec leurs objectifs de réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Ces plans doivent être actualisés tous les cinq ans, la prochaine échéance étant début 2025. C’est la COP30 au Brésil en 2025 qui lancera le prochain cycle de contributions déterminées au niveau national à horizon 2035. Le deuxième "Bilan mondial" débutera en 2026 pour aboutir en 2028. Le "budget carbone" restant à l’humanité serait de l’ordre de 200 milliards de tonnes de CO2, soit cinq ans si les émissions actuelles continuent au même rythme (50 milliards de tonnes de CO2 par an) (indicateurs du changement climatique (IGCC), réactualisés dans la revue Earth System Science Data, en juin 2024).

Les plans climat actuels des pays ne permettraient de réduire les émissions de gaz à effet de serre que de 2,6 % d’ici à 2030 (CCNUCC). Or pour rester sur la trajectoire des 1,5° de l’Accord de Paris, une diminution des émissions de 42 % d’ici 2030 et 57 % d’ici 2035 est nécessaire, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Emissions Gap Report, 2024) [9]. Et les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter : + 1,3 % en 2023, par rapport à 2022. Le seuil de 1,5°C fixé par l’accord de Paris pourrait être atteint d’ici 2030 à 2035 (GIEC) et la hausse du réchauffement climatique, qui est sur une trajectoire de + 2,6°C au cours du siècle, pourrait dépasser 3° à partir de 2100. Près de 3,5 milliards de personnes vivent actuellement dans des contextes vulnérables au changement climatique (GIEC). La population mondiale dans son ensemble devrait connaitre un pic de 10,3 milliards de personnes à la fin du siècle, pour ensuite commencer à diminuer. [10]

Pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, les enjeux énergétiques sont centraux. Pour la première fois, la COP28 avait mentionné dans une décision la "sortie des énergies fossiles", définissant une notion de transition énergétique juste et équitable ("s’éloigner des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, de manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie critique, afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, conformément à la science"). Les pays sont incités à tripler la capacité des énergies renouvelables et doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030. Cf. article Adéquations Bilan de la précédente COP 28 en 2023. Mais, selon une étude publiée par Oil Change,, les trois pays présidant les trois COP climat ("troïka"), Emirats Arabes Unis, Azerbaïdjan et Brésil prévoient d’augmenter leurs productions de pétrole et de gaz de 34%, 14% et 36% d’ici à 2035 ! Et dans le monde, les subventions aux combustibles fossiles sont dix fois plus élevées que les financements climat, comme l’a rappelé au 2ème jour de la COP le Groupe d’intégrité environnementale. [11]

Des organisations de la société civile alertent sur la répression et les atteintes aux droits des associations et militants écologiques par l’Azerbaïdjan. Human Rights Watch (HRW) et Freedom Now ont fait paraitre un rapport. Fin octobre, une "Déclaration commune d’expertes et experts internationaux et régionaux en matière de droits humains, dans le cadre de la COP29" a été publiée. Ces rapporteurs des Nations unies rappellent les engagements internationaux sur le droit à un environnement propre, sain et durable et demandant de "protéger les défenseurs et défenseuses de l’environnement et de garantir leur participation sûre aux forums internationaux sur l’environnement et le changement climatique".

Des organisations de la société civile alertent sur le déséquilibre de participation aux COP des représentant-es des pays des Suds, qui, bien que particulièrement touchés par les impacts du changement climatique, constituent moins de la moitié des participant-es. La parité femmes-hommes dans les délégations n’est pas atteinte, la proportion de femmes tendant à diminuer depuis deux ans. (A la COP28, les femmes représentaient 34% des délégués et moins de 20% des chefs de délégation des pays). Dans le processus de sélection des groupes d’acteurs représentés à la Convention climat (les "constituencies"), les membres de groupes autochtones, jeunes, paysans sont sous-représentés. [12]

Le plaidoyer pour une "justice climatique" est au coeur des revendications et analyses de réseaux internationaux de la société civile, portant la revendication de "réparations" pour les pays des Suds, au titre de la "dette climatique" des pays riches et le refus des "fausses solutions climat", celles qui visent à manipuler le climat, comme la géo-ingénierie, ou à assurer le maintien du système économique capitaliste (marchés carbone, compensation). Selon des organisations de la société civile et des économistes, il est possible de générer des financements par la fiscalité, par exemple en taxant les plus riches et les revenus des industries fossiles. Une hypothèse d’impôt mondial de 2% sur la fortune des "hyper-riches" rapportant plus de 200 milliards de dollars par an a été mise en avant notamment par le Brésil en vue de la réunion du G20, que ce pays préside les 18 et 19 novembre.

Programme indicatif de la COP29

- 11 novembre : ouverture
- 12 - 13 novembre : Sommet pour l’action climatique
- 14 : Finance, investissement et commerce
- 15 : Énergie ; Paix, secours et redressement
- 16 : Science, technologie et innovation numérisation
- 17 : pas de programmation thématique
- 18 : Capital humain, Enfants et jeunes, Santé, Éducation
- 19 : Alimentation, agriculture et eau
- 20 : Urbanisation, transport, tourisme
- 21 : Genre, Nature et biodiversité, Peuples autochtones, Océans et zones côtières
- 22 : Négociations finales

Sites web COP 29 et ressources documentaires

- Site de la présidence Azerbaïdjan : https://cop29.az/en
- Programme de la COP (télécharger)
- Suivre les événements sur la chaine youtube de la Convention climat
- Lettre officielle de la présidence aux Etats et acteurs, juillet 2024
- Site de la Convention des Nations unies CCNUCC : https://unfccc.int/cop29
- Guide de l’observateur COP (télécharger en anglais)
- La présidence de la COP29 et les organisations de la société civile
- Document préparatoire de propositions de l’ONU sur l’objectif de finance climat, au 15/10/2024 (télécharger en anglais)
- Informations pratiques Espace sécurité (Safety Hub) à la COP29
- Code de conduite des événements à la Convention climat, ONU

 L’égalité de genre à la COP29

Les liens existant entre changements climatiques et égalité femmes-hommes ont été reconnus par le GIEC (Genre, justice climatique et voies de transformation - GIEC AR6). Progressivement la CCNUCC, qui au départ ne comportait aucune mention de l’égalité et des droits des femmes, a pris en compte ces questions (à partir de la COP16 de 2010) et publié à ce jour plus d’une centaine de décisions. Un programme de travail sur le genre a été adopté en 2014 (COP de Lima) puis renforcé (Programme de travail renforcé de Lima sur le genre). L’égalité figure dans le préambule de l’Accord de Paris de 2015. Des points focaux pour l’égalité des sexes et le changement climatique sont nommés dans chaque pays. Un Plan d’action genre de la CCNUCC a été élaboré et renouvelé. L’évolution de la parité femmes-hommes aux négociations et aux organes de la CCNUCC fait l’objet d’un rapport annuel.

Mais tous ces acquis restent fragiles et susceptibles de régression, sous la poussée de conservatismes et d’un manque de vision politique, transversale, ainsi que de moyens. Les hommes constituent 60% des présents à la COP29 et on comptait seulement 9 femmes pour 73 hommes lors des allocution au « Sommet pour l’action climatique" qui rassemble les chefs d’Etats et hauts responsables à l’ouverture de la COP (12 et 13 novembre). Les délégations d’organisations de la société civile sont à peu près paritaires. Selon Reporterre, "Parmi les 1 128 participants rattachés aux Nations unies, 46 % sont des hommes et 54 % sont des femmes. Une parité positive, dont s’approche également les près de 10 000 intervenants d’ONG, avec près de 48 % de femmes. Le fossé dans l’égalité de répartition se creuse en réalité du côté des personnes invitées par l’Azerbaïdjan — frôlant les 70 % de taux de masculinité —, mais aussi chez les journalistes, avec plus de 64 % d’hommes, et enfin dans les délégations nationales, où à peine plus de 6 100 femmes ont été accréditées sur 17 680 représentants". [13]

A la COP29, la suite du Plan d’action genre doit être discutée. Adopté à la COP23 en 2017 pour 5 ans, le PAG s’adresse à l’ensemble des acteurs : institutions de la Conventions climat, Etats parties, organisations ayant statut d’observateurs et autres acteurs et actrices. Informations sur le site Adéquations. Lors de la COP 28, les Parties avaient convenu d’entamer l’examen final de la mise en œuvre du programme de travail de Lima renforcé (sur le genre) et de son Plan d’action lors de la 60ème session de l’Organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI), en juin 2024 et finalisé à la 61e session en novembre 2024 lors de la COP29.

Pour les organisations de la société civile représentées aux négociations climat, (le Women Gender Constituency), un enjeu est que les organisations de femmes et féministes, y compris les groupes les plus marginalisés comme les femmes autochtones soient mieux consultées et que le genre figure dans toutes les décisions et les mécanismes climat, notamment les financements et les questions technologiques. Le WGC demande aussi que le programme de travail sur le genre soit un engagement sur ne durée d’au moins dix ans avec un plan d’action quinquennal avec des indicateurs précis et un financement pour la mise en oeuvre. Détail des demandes féministes pour la COP29.

Comme chaque année, le WGC présente les lauréates du Prix Solutions Genre et Climat (GJCS)

Lors des COP, des coalitions de pays et d’institutions prennent également des initiatives. L’année dernière à la COP28 avait ainsi été formé un "Gender-Responsive Just Transitions and Climate Action Partnership" signé par 80 pays.

2025 sera l’anniversaire de la Conférence de Beijing sur les femmes de 1995 et de son Plan d’action, qui comporte un objectif sur "Les femmes et l’environnement" : l’occasion d’actualiser et de confirmer les engagements des Etats sur l’intégration transversale du genre dans toutes les politiques, tous les secteurs étant concernés à la fois par le climat et l’égalité de genre (énergie, transport, agriculture, urbanisme, modes de production et de consommation, etc.) ?

Documentation Egalité femmes-hommes à la COP

- Women Gender constituency Key Demands for COP29. Télécharger (en anglais) ; Version française résumée
- Rubrique genre de la CCNUCC
- Information sur les événements genre et le Gender Day à la COP29
- Bilan du Plan d’action genre de la CCNUCC
- Plan d’action genre
- Examen global du programme de travail sur le genre de la Convention climat
- Rapport "Progress, challenges, gaps and priorities in implementing the gender action plan, and future work to be undertaken on gender and climate change", mai 2024. Télécharger (en anglais).
- Société civile : site de la Women Gender Constituency (WGC) ; Chaine youtube WGC
- Lettre de la WGC au président de la COP29 "L’égalité des sexes doit être au cœur des résultats de la COP29 !"
- Recommandations du Women Gender Constituency pour la suite du Plan d’action genre CCNUCC. Télécharger (en anglais) ; Plan d’action genre 2017-2023 de la CCNUCC
- Webinaires de WEDO "What’s at Stake, Gender on the Agenda at COP29"
- Women’s Earth and Climate Action Network (WECAN) à la COP29, Briefing papers
- Advancing gender-responsive synergies across the Rio Conventions : Gender equality at the intersection of climate action, biodiversity protection and sustainable land management, ONU Femmes, septembre 2024. Télécharger (en anglais)

 COP29 : analyses et plaidoyers, rapports scientifiques

Le Collectif africain pour la justice climatique a tenu, du 7 au 10 octobre 2024, une "Contre Cop" des peuples africains pour la justice climatique (APCC) à Saly, au Sénégal, avec des représentant-es d’organisations de la société civile de 21 pays. Déclaration

- Climate Justice Coalition pour la COP29 ; Climate Ation Network ; Global Campaign to Demand Climate Justice
- Suivi quotidien des négociations à la COP, Earth Negociations Bulletin
- Bilan de la précédente COP 28 de 2023
- Réseau Action Climat La diplomatie féministe, un levier puissant de lutte pour la justice climatique
- Women Gender constituency Key Demands for COP29. Version française résumée
- Sur la COP29 et les droits humains, Human Right Watch ; Amnesty International
- L’Azerbaïdjan, la COP29 et les grandes entreprises françaises, novembre 2024. Lire sur l’Observatoire des multinationales
- Carbon inequality kills. Why curbing the excessive emissions of an elite few can create a sustainable planet for all, Oxfam. Télécharger (en anglais 41 p.) ; Focus France "Le Poids des ultra-riches dans les inégalités d’émissions en France
- COP29 : face à un climat de plus en plus invivable, la solidarité des peuples. Dossier du Réseau Action Climat. Télécharger (en français, 24 p.)
- Global Call for Reparations dans real Solutions (Appel mondial pour des réparations et de vraies solutions), Climate Justice Hub
- Global Campaign to Demand Climate Justice (Campagne mondiale demandant la justice climatique) : https://demandclimatejustice.org/
- The Cop Troika : Fossil fuel champions or guardians of 1.5°C ? Briefing octobre 2024 Télécharger (en anglais)
- A blueprint for a coordinated minimum effective taxation standard for ultra-high-net-worth individuals (Projet d’imposition minimale pour les hyper-riches), Gabriel Zucman, juin 2024. Télécharger l’étude (en anglais)
- Campagne Taxons leurs milliards
- Réseau mondial des organisations de la société civile pour la prévention des catastrophes, Appel à l’action pour la COP29
- COP CO-OPTED ? How corruption and undue influence threaten multilateral climate action, Transparency International, Anti Corruption Data Collective, 2024. Télécharger le rapport (en anglais, 46 p.)
- Etat du Climat 2024, Organisation Météorologique mondiale, Update for COP29
- COP29 special report on climate change and health : Health is the argument for climate action, OMS. Télécharger (en anglais)

Notes

[1Selon les chiffres du 3ème rapport du Groupe d’experts indépendants sur la finance climat (Independent High-Level Expert Group on Climate Finance) mandaté par l’ONU, publié en novembre :résumé

[4Les COP se tiennent successivement dans un pays parmi les cinq régions de l’ONU : Afrique, Asie, Europe centrale et orientale, Amérique latine et Caraïbes, Europe occidentale et autres États

[5Résolution 5/14 de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (UNEA-5), visant à mettre un terme à la pollution plastique et à élaborer un accord international juridiquement contraignant d’ici fin 2024 ; https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/recit/ce-quil-faut-savoir-sur-la-resolution-relative-la-pollution-plastique

[6Copernicus est le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne. Selon cet institut, après 2023, octobre 2024 a été le deuxième plus chaud dans le monde, avec une température moyenne de 15,25°C, soit 1,65°C de plus que les niveaux préindustriels de 1850-1900. L’Europe se réchauffe plus vite que les autres continents, ce qui est plus perceptible en hiver dans les latitudes hautes et en été dans les latitude basses (Europe centrale et du Sud et Méditerranée)

[7L’ONU mène un processus de synergie entre les ODD et les Conventions de Rio, dernier rapport 2024 "Synergy Solutions for Climate and SDG Action : Bridging the Ambition Gap for the Future We Want Report on Strengthening the Evidence Base. Concernant l’égalité femmes-hommes, l’Indice de genre des ODD 2024, publié par Equal Measures 2030 indique que 74% des cibles des ODD ne seront pas atteintes sans l’égalité de genre.

[8Le média d’investigation Mediapart a comptabilisé "au moins 196 représentants directs des géants mondiaux, ainsi que des principaux lobbies des industriels du fossile, 12/11/2024

[11EIG est un groupe de négociation institué en 2000, composé de 6 pays (Suisse, Mexique, Corée du Sud, Liechtenstein, Monaco, Géorgie)

[12Note de Voice for Climate Justice "The importance of including local voices at the global decision-making level towards COP29" https://voicesforjustclimateaction.org/wp-content/uploads/2024/11/Position-Paper-v2.pdf

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