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Déclaration de l’Assemblée des Femmes Rurales sur la pollution de la Rivière KafueJeudi 29 mai 2025 La Zambie, pays d’Afrique Australe, connait une catastrophe écologique, après le déversement de millions de litres de déchets acides et hautement toxiques d’une usine minière chinoise de cuivre dans un affluent de la rivière Kafue, le 18 février 2025. Cette pollution compromet l’approvisionnement en eau potable, la biodiversité, les moyens de subsistance, la santé de centaines de milliers de personnes en milieu rural, notamment les femmes paysannes et vivant de la pêche. L’Assemblée des Femmes Rurales a publié la Déclaration ci-dessous. Adéquations soutient cette action, et attire l’attention sur les impasses et les injustices du modèle de développement extractiviste. |
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L’Assemblée des Femmes Rurales (RWA, Rural Women’s Assembly) exprime sa profonde indignation et sa tristesse face à la pollution désastreuse de la Rivière Kafue, causée par l’effondrement d’un bassin de retenue des résidus de Sino-Metals Leach Zambia. Cette catastrophe environnementale a conduit au déversement d’environ 50 millions de litres de déchets toxiques - dont des solutions hautement acides et des métaux lourds - dans la rivière Mwambashi, un affluent de la rivière Kafue, avec des conséquences dévastatrices pour l’environnement et la vie d’innombrables Zambien-nes.
En tant que femmes rurales, nous portons le fardeau de cette dévastation. La rivière Kafue assure la subsistance de nos ménages, nos fermes, nos enfants et de notre dignité. Ce n’est pas seulement une source d’eau, c’est le cœur de nos écosystèmes et de nos communautés. La pollution a tué les poissons, empoisonné nos cultures et nous a privées d’eau potable. Il ne s’agit pas seulement de pertes, ce sont des violations de nos droits humains fondamentaux.
Nous sommes confrontées à :
Des crises sanitaires : Le déversement de produits toxiques a exposé nos familles à de graves risques pour la santé – allant de maladies de peau à des affections à long terme dues à l’exposition aux métaux lourds.
Des destructions économiques : Le fleuve était une source de revenus grâce à la pêche et à l’irrigation à petite échelle. Aujourd’hui, nos moyens de subsistance sont détruits.
Une charge de travail : Les femmes et les filles parcourent désormais de plus longues distances à la recherche d’eau potable, ce qui aggrave les inégalités de genre et prive les enfants de temps pour aller à l’école.
Les conséquences écologiques sont énormes. Des espèces de poissons autochtones, qui font partie de notre alimentation, de notre économie et de notre identité culturelle, sont en train de disparaître. Ce n’est pas seulement une destruction de l’environnement, mais un effacement culturel. Nous affirmons sans équivoque que les femmes rurales ont le droit d’accéder aux espèces de poissons autochtones qui ont disparu à cause de la négligence des entreprises et de les restaurer. La destruction de la biodiversité dans le bassin de la rivière Kafue est une attaque contre le patrimoine et la durabilité des communautés rurales
NOS DEMANDES
A la suite de cette catastrophe, qui était évitable, l’Assemblée des Femmes Rurales exige :
1. Un soutien aux communautés touchées : Fourniture immédiate d’eau potable, de traitements médicaux et d’une aide d’urgence. Le rétablissement à long terme doit inclure la restauration des moyens de subsistance, l’indemnisation des terres agricoles endommagées et une aide dirigée vers les agricultrices et les pêcheuses rurales.
2. Le renforcement des réglementations environnementales et de leur application : Le gouvernement doit revoir et renforcer les réglementations minières. Les organismes de réglementation tels que l’AMRAO, la ZEMA et le département de la sécurité des mines doivent être dotés de ressources suffisantes pour contrôler, inspecter et tenir les contrevenants responsables de leurs actes.
3. L’inclusion des femmes dans les processus décisionnels : Les femmes rurales doivent être activement associées à tous les efforts de relèvement, aux négociations sur les compensations et à l’élaboration des futures politiques environnementales. Nous ne sommes pas des victimes, nous sommes des actrices et des gardiennes de notre environnement.
4. La restauration des écosystèmes et des espèces autochtones : Le gouvernement et les entreprises responsables doivent financer la restauration des écosystèmes fluviaux, y compris la réintroduction d’espèces de poissons autochtones. Cela doit intégrer des consultations avec les communautés locales et des écologistes.
Nos rivières, nos droits
Cette tragédie a mis en évidence non seulement la fragilité de notre environnement, mais aussi celle de nos systèmes judiciaires lorsque les intérêts des entreprises l’emportent sur le bien-être de la communauté. Nous, l’Assemblée des Femmes Rurales, déclarons que nos rivières ne sont pas des décharges pour les déchets des entreprises et que nos vies ne sont pas des dommages collatéraux dans la poursuite du profit.
Nous appelons le gouvernement, les instances de régulations et les observateurs internationaux à se tenir à nos côtés et à garantir que plus jamais les communautés rurales ne soient réduites au silence ou sacrifiées au nom du développement.
Traduction française par Adéquations
Version anglaise originale :
Présentation : Zambia is experiencing an ecological disaster after millions of liters of toxic waste from a Chinese mining plant were dumped into a tributary of the Kafue River on February 18, 2025. This pollution is compromising the biodiversity, livelihoods, and health of many rural people, particularly women farmers and fisherfolk. The Rural Women’s Assembly has issued the Declaration below. Adequations support this action and draw attention to the dead ends and injustices of the extractivist development model.
STATEMENT BY THE RURAL WOMEN’S ASSEMBLY ON THE KAFUE RIVER POLLUTION
The Rural Women’s Assembly (RWA) expresses its deep outrage and heartbreak over the disastrous pollution of the Kafue River caused by the collapse of the tailings dam at Sino-Metals Leach Zambia. This environmental catastrophe released approximately 50 million liters of toxic waste—including highly acidic solutions and heavy metals—into the Mwambashi River, a tributary of the Kafue River, with devastating consequences for the environment and the lives of countless Zambians.
As rural women, we bear the burden of this devastation. The Kafue River sustains our households, our farms, our children, and our dignity. It is not just a water source—it is the heart of our ecosystems and communities. The pollution has killed fish, poisoned our crops, and robbed us of clean water. These are not just losses ; they are violations of our basic human rights.
We face :
Health Crises : The toxic spill has exposed our families to severe health risks—from skin diseases to long-term illnesses due to heavy metal exposure.
Economic Destruction : The river was a source of income through fishing and small-scale irrigation. Now, our livelihoods are destroyed.
Labor Burden : Women and girls now walk longer distances in search of safe water, deepening gender inequality and robbing children of time for school.
The ecological toll is immense. Indigenous fish species—part of our diets, economy, and cultural identity—are disappearing. This is not only environmental destruction but cultural erasure. We assert, unequivocally, that rural women have a right to access and restore indigenous species of fish that have been lost due to corporate negligence. The destruction of biodiversity in the Kafue River Basin is an attack on the heritage and sustainability of rural communities.
OUR DEMANDS
In the wake of this preventable disaster, the Rural Women’s Assembly demands :
1. Support for Affected Communities : Immediate provision of safe water, medical treatment, and emergency relief. Long-term recovery must include livelihood restoration, compensation for damaged farmlands, and targeted assistance to rural women farmers and fishers.
2. Strengthened Environmental Regulations and Enforcement : The government must review and tighten mining regulations. Regulators such as WARMA, ZEMA, and the Mines Safety Department must be adequately resourced to monitor, inspect, and hold violators accountable.
3. Inclusion of Women in Decision-Making : Rural women must be actively included in all recovery efforts, compensation negotiations, and future environmental policy design. We are not victims—we are stakeholders and custodians of our environment.
4. Restoration of Ecosystems and Indigenous Species : The government and responsible companies must finance the restoration of river ecosystems, including the reintroduction of native fish species. This must be done in consultation with local communities and ecologists.
Our Rivers, Our Rights
This tragedy has exposed not only the fragility of our environment but also the fragility of our justice systems when corporate interests override community well-being. We, the Rural Women’s Assembly, declare that our rivers are not dumping grounds for corporate waste, and our lives are not collateral damage in the pursuit of profit.
We call on the government, regulators, and international observers to stand with us and ensure that never again will rural communities be silenced or sacrificed in the name of development.