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La COP30 au Brésil, du 10 à 21 novembre 2025

Actualisé et complété 11 novembre 2025

Mercredi 2 juillet 2025, par Yveline Nicolas

La 30ème conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques s’est ouverte le 10 novembre 2025 au Brésil à Belém dans l’Amazonie. Dix ans après l’Accord de Paris, le contexte est préoccupant : 2024 a été l’année la plus chaude jamais mesurée dans le monde, avec +1,52°. Les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines ont récemment battu des records, les épisodes climatiques extrêmes se multiplient, tandis que les écosystèmes fragilisés ne parviennent plus à absorber le CO2.
Plus d’informations au fur et à mesure dans cet article documentaire.



 COP30, un contexte difficile

La 30ème conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est en cours, du 10 au 21 novembre 2025 au Brésil, à Belém capitale de l’État du Pará en Amazonie. 60 000 participant-es y sont attendus. La COP a été précédée par un Sommet des dirigeants mondiaux les 6 et 7 novembre, lançant un "Appel de Belem pour le climat". [1]

Pays émergent, le Brésil est actuellement le 5ème émetteur mondial de gaz à effet de serre, après la Chine, les Etats-unis, l’Inde et la Russie, et le 8ème producteur de pétrole.

Malgré ces contradictions, la présidence brésilienne, qui se réfère à l’enthousiasme du Sommet de la Terre à Rio en 1992, est porteuse d’un message fort sur l’enjeu de la justice climatique, l’équité entre pays riches responsables historiques du dérèglement climatique et pays des Sud ; des consultations sur la situation spécifique de l’Afrique sont annoncées.

A cinq ans de l’échéance de 2030 pour les Objectifs de développement durable fixés par l’ONU (ODD), la COP se tient dans un contexte de dérèglement climatique de plus en plus inquiétant. 2024 a été l’année la plus chaude enregistrée depuis le début des mesures, dépassant le précédent record de 2023. C’est la première année où les 1,5° de réchauffement (par rapport à la période préindustrielle 1850-1900) sont dépassés. L’objectif de l’Accord de Paris de 2015, limiter le réchauffement en dessous de + 2° en faisant porter les efforts à 1,5° n’est plus atteignable. La poursuite des politiques climatiques actuelles entrainerait un réchauffement de + 2,3 à 3°c à 2100 selon les estimations [2], d’autant que l’extraction de charbon, de pétrole et de gaz repartent à la hausse. [3]. Les émissions de gaz à effet de serre (y compris le méthane et le protoxyde d’azote) dues aux activités humaines et aux méga-feux ont battu des records en 2024, tandis que les écosystèmes fragilisés et les océans parviennent de moins en moins à absorber le CO2 [4].

En bref, pour rester dans l’objectif de 2° de réchauffement climatique, les émissions annuelles de GES devraient être réduites de 35% comparées à leur niveau de 2019 (et de 55% pour l’objectif de 1,5°), et ce en un temps très court, qui n’est guère réaliste. Le seuil de + 1,5° devrait être atteint au cours de la décennie prochaine.

Le contexte international est marqué par de multiples crises géopolitiques, des conflits armés, générant une augmentation des dépenses militaires, la sortie des Etats-Unis (2ème émetteur de gaz à effet de serre) de l’Accord de Paris annoncée pour janvier 2026 [5] et un "backlash" écologique (retour en arrière), y compris au niveau des politiques de l’Union européenne qui n’ont d’abord présenté qu’une vague "déclaration d’intention [6]. Les discussions techniques préparatoires à la COP30, notamment celles de juin 2025 au siège de la Convention climat à Bonn en Allemagne, n’avaient guère permis d’avancer.

Les enjeux de la COP30 portent sur le bilan de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, les nouvelles "Contributions déterminées au niveau national" révisées (il s’agit du 3ème cycle d’actualisation des politiques climatiques des pays, tous les 5 ans jusqu’en 2035). Elles ont tardé jusqu’au dernier moment à être publiées, dont celle de l’Union européenne [7] ou de la Chine. Autres sujets des négociations : l’objectif mondial d’adaptation, avec l’adoption de cent indicateurs de suivi [8] ; les modalités de la "transition juste" (agenda impulsé à l’origine par les syndicats et l’Organisation internationale du travail) ; et bien sûr les financements, qui constituent toujours un point de clivage entre les pays riches et les pays des Suds (article 9.1 de l’Accord de Paris : obligation des pays développés de fournir un financement). La COP29 avait pris un engagement de 1300 milliards de dollars par an de financements climatiques d’ici 2035 pour les pays en développement. Les modalités à discuter figurent dans une « Feuille de route de Bakou à Belém » publiée en novembre.

Lors du Sommet climat du 24 septembre lors de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU une soixantaine de pays avaient présenté leurs plans climat actualisés, mais outre leur manque de précision, ils ne représentaient que 25,7 % des émissions mondiales. [9]. Selon le bilan publié le 28 octobre par l’ONU ("Nationally determined contributions under the Paris Agreement Synthesis report) [10], ces plans climat actualisés n’entraineraient qu’une diminution de l’ordre de 10% des émissions de GES d’ici 2035 par rapport aux niveau de 2019... Entre-temps près de 100 pays ont déposé leur NDC (pour une mise à jour, cf. le répertoire sur le site de la CNUCC).

Pendant ce temps, le secteur bancaire continue à financer les industries fossiles près de trois plus que les renouvelables [11].

La COP30 est présentée comme "COP de la forêt" du fait de sa tenue en Amazonie. Lors de précédentes COP (26, 28), des coalitions de pays avaient pris des engagements pour l’arrêt de la déforestation d’ici 2030, mais celle-ci se poursuit. Le Brésil annonce un projet de Fonds d’investissement pour la préservation des forêts tropicales (Tropical Forest Forever Fund ou TFFF) - que certaines organisations de la société civile, notamment le Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales, considèrent comme une énième "fausse solution climat", un mécanisme encore une fois fondé sur le marché, probablement administré par la Banque mondiale. [12]. Le 15 septembre, le réseau Mapbiomas publiait une estimation de 49 millions d’hectares disparus entre 1985 et 2024 (équivalent à la surface d’un pays comme l’Espagne) [13]. La plus grande forêt tropicale du monde, dont certaines zones dans le sud et l’est ne constituent déjà plus des "puits de carbone" mais sont au contraire devenus émetteurs de C02, s’approcherait du "point de non-retour", avec le risque d’un processus de transformation en savanes. [14]

Enjeu crucial : la mobilisation et la participation des mouvements de peuples autochtones et des organisations de la société civile au Brésil et d’une manière générale en Amérique Latine. Un Sommet des Peuples s’organise depuis 2023, à partir de "dialogues amazoniens" qui se sont internationalisés notamment lors des précédentes COP climat, biodiversité. Englobé dans un processus plus large de mobilisation, le Sommet des Peuples se tiendra du 12 au 15 novembre 2025, sur la base d’un manifeste politique (cf. liens ci-dessous) qui rassemble plus de 1100 organisations et mouvements, pour la justice climatique. Les axes en sont : 1/ Territoires vivants, Souveraineté alimentaire populaire ; 2/ Réparations historiques, combattre le racisme environnemental, les fausses solutions et le pouvoir des entreprises ; 3/ Transition juste, populaire et inclusive ; 4/Contre les oppressions, pour la démocratie et pour l’internationalisme des peuples ; 5/ Villes justes et périphéries vivantes ; 6/ Féminisme populaire et résistances des femmes dans les territoires. Le 15 novembre sera un jour de marche à Belem et de mobilisation générale. L’objectif est de déboucher sur un traité des peuples et de poursuivre la construction et l’interconnexion du mouvement international pour la justice climatique.

Les questions de genre sont une composante importante de l’ordre du jour de la COP30. Suite à la décision de la COP29 de prolonger de dix ans le "Programme d’action sur le genre" de la Convention climat, la COP30 doit discuter et adopter un nouveau Plan d’action Genre et climat (Gender Action Plan).

Chaque année, le groupe de travail sur le genre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) fait un rapport annuel sur les progrès de l’intégration d’une perspective genre et de la participation des femmes. Il indique ainsi que la parité dans les délégations nationales est en progrès mais toujours pas atteinte : on comptait 30 à 35 % de femmes dans les délégations en 2024 (12% en 2008).

La mobilisation des associations de femmes et féministes à la COP30 est importante. Article complémentaire sur le genre et la mobilisation féministe la COP30

Des difficultés d’accès, d’hébergement et de coûts sont pointés par différents pays et organisations de la société civile, comme susceptibles de compromettre la participation d’Etats défavorisés et d’organisations de la société civile à cette conférence se tenant au coeur de l’Amazonie. Le gouvernement brésilien appelle les entreprises à participer, alors que la présence massive de lobbyistes des industries notamment fossiles a été fortement critiquée aux précédentes conférences climat.

Des campagnes internationales d’organisations de la société civile alertent sur nombre d’incohérences qui ne devraient pas être éludées dans les négociations climat. Parmi elles :
- La poursuite des grands projets extractivistes. Un groupe d’organisations de la société civile et chercheurs [15] a fait une cartographie des “bombes carbone” (définies comme les projets d’extraction de gaz, pétrole ou charbon qui vont émettre plus d’un gigatonne de CO₂ sur leur durée de vie restante) : ils sont maintenant 601. L’industrie fossile a prévu plus de 2 300 nouveaux projets depuis 2021, qui verront le jour d’ici 2050 [16]
- L’impact de la militarisation sur le climat. Les dépenses militaires sont de l’ordre de 2 700 milliards de dollars par an."War on Climate" rappelle que les conflits armés émettent plus de CO₂que la plupart des pays mais ces émissions restent exclues des rapports obligatoires. Les dépenses militaires sont trente fois supérieures à celles contre le changement climatique. Il faut évaluer et comptabiliser ces émissions dans les bilans carbone. [17]
- L’impact délétère de la minorité des ultra-riches : selon un rapport d’Oxfam paru en octobre 2025, "Un individu appartenant aux 0,1 % les plus riches émet plus de CO₂ en une seule journée qu’une personne parmi les 50 % les plus pauvres en une année entière", du fait de son mode de vie mais aussi de ses investissements financiers. Pour respecter l’objectif de +1,5°C, les plus riches devraient réduire leurs émissions individuelles de 99 % d’ici 2030 ! [18]
- Le système financier international injuste et le poids de la dette : les pays les plus pauvres subissent la lourde charge de l’endettement (et des remboursements, souvent en direction des pays riches), qui rend impossible de financer des politiques sociales et d’adaptation aux changements climatiques. Une revendication est de cesser de financer les "aides" aux politiques climatiques des pays les plus pauvres par des prêts, qui alimentent la dette. Cf. notamment le rapport « Cartographie des financements Dette – Climat » [19]

 Ressources documentaires COP30

Informations officielles
- Rubrique COP30 de la CCNUCC ; chaine TV
- Manuel de l’observateur à la CO30 (toutes les informations pratiques de la CCNUCC) : Télécharger (en français)
- Site web de la présidence brésilienne de la COP ; informations COP30 Brasil Radio Bulletin
- Courriers de la présidence brésilienne de la COP30
- Calendrier des conférences "side events" à la COP30
- Rapport de synthèse du secrétariat de la CCNUCC sur les Contributions nationales (plans climat) présentés pour la COP30 ("Nationally determined contributions under the Paris Agreement"), 28 octobre. Télécharger (en anglais)

Mobilisations société civile
- Sommet des Peuples ; Appel du Sommet des Peuples vers la COP30 ; Organisations signataires
- Mobilisation mondiale 15-28 Septembre "Draw the Line" / Fixons les limites
- 28 septembre, "Climat, justice, liberté !" ; à Paris : marche de Gare du Nord vers Opéra vers République.
- Réseaux internationaux : Climate Action Network ; Ibon International Climate Justice Hub ; Oilwatch International ; Women Gender Climate Constituency ; Pan African Climate Justice Alliance
- Campagne mondiale pour faire payer les plus riches https://makerichpolluterspay.org/

Femmes, genre et climat

- Adéquations : article détaillé sur le genre et la mobilisation féministe la COP30
- Rubrique "Femmes et genre à la COP30" de la CCNUCC
- Calendrier des conférences ("side events") sur les questions de genre à la COP30
- CCNUCC : Progress in integrating a gender perspective into constituted body processes, Rapport de synthèse, 12 septembre 2025. Télécharger (en anglais) ; Gender Composition (rapport annuel de suivi des progrès de l’égalité de genre dans les instances et politiques climat) Télécharger (en anglais)
- Projet de Plan d’action genre en discussion à la COP30
- Constituante femmes et genre, représentée à la Convention climat : https://womengenderclimate.org ; Avis du Women and Gender Constituency sur le plan d’action genre de la CCNUCC (télécharger en anglais)
- Plaidoyers féministes : WECAN :Appel à l’action Assemblée mondiale des femmes 2025 : vers la COP30 et au-delà ; Déclaration des femmes et des filles africaines Sommet climat septembre 2025
- Programme Féministes pour des alternatives Climat Environnement
- Suivi de l’intégration du genre dans les politiques climat : https://genderclimatetracker.org/
- Base de données : Politiques genre, politiques climat dans 15 pays Africains(Programme Féministe pour des Alternatives climat Environnement)

Rapports, recherches et communications

- Communication 6/11 de l’Organisation Météorologique Mondiale "L’année 2025 devrait être la deuxième ou troisième année la plus chaude jamais enregistrée dans un contexte de tendance au réchauffement exceptionnellement intense" ; télécharger le rapport Etat du climat (en anglais)
- Emissions Gap Report 2025, PNUE. Télécharger (en anglais)
- Suivi des engagements climat par les pays (en anglais) https://climateactiontracker.org/
- Rapport sur les investissements bancaires dans les énergies fossiles : "Banking on Business as Usual.The energy finance imbalance", Reclaim Finance
- "Le fonds Tropical Forests Forever : un nouveau piège pour les populations et les forêts du Sud global", Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales, octobre 2025

Notes

[2La 16ème édition du rapport "Emissions Gap" du Programme des Nations unies pour l’environnement paru le 4 novembre 2025 estime que si les Politiques climat actualisées présentées par les Etats sont réellement mise en oeuvre, le réchauffement pourrait ralentir un peu, soit 2.3-2.5°C contre 2,8° avec les politiques en cours.

[3https://productiongap.org/, Rapport septembre 2025. Il mesure l’écart entre les prévisions de production d’énergies fossiles et les politiques requises pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Cette production est 77 % supérieure aux quantités prévues dans un scénario de limitation du réchauffement à 2 °C. Télécharger le résumé en français

[4"Les niveaux de dioxyde de carbone battent des records en 2024", Bulletin sur les gaz à effet de serre de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), octobre 2025

[5Selon le président américain, le réchauffement climatique est "un canular"

[6La Loi européenne sur le climat fixe l’objectif pour l’UE de parvenir à la "neutralité carbone" en 2050. Les divergences entre pays, notamment sur la place du nucléaire ou l’utilisation de "crédits carbone", ont freiné l’obtention d’un accord sur une cible intermédiaire de réduction des émissions de GES

[7Après des négociations laborieuses, l’UE s’est entendue le 5 novembre sur un objectif de baisse de ses émissions de GES de 66,25 à 72,5 % d’ici à 2035, par rapport à 1990

[8Présentés début septembre ici : https://unfccc.int/documents/649629

[9"Hormis le Japon, le Royaume-Uni, le Canada, la Norvège, la Suisse, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, les pays ayant soumis de nouveaux engagements sont pour la plupart des pays en développement, comme le Brésil, le Nigeria ou le Népal. Au total, ils ne représentent que 25,7 % des émissions mondiales, selon le site Climate Action Tracker"[[Article Reporterre

[11Selon Reclaim Finance, sur la période 2021-2024, 65 banques analysées ont alloué 3 285 milliards de dollars aux fossiles contre 1 368 milliards à la transition écologique

[12Le fonds Tropical Forests Forever : un nouveau piège pour les populations et les forêts du Sud global, octobre 2025. Télécharger (version française, 24 p.)

[14Les "Tipping points" désignent des "points de bascule" quand des écosystèmes essentiels à la stabilité écologique et celle du climat de la planète se modifient de façon irréversible, comme les massifs coralliens, les forêts tropicales, les glaciers ; The Global Tipping Points Report 2025 https://global-tipping-points.org/

[15Data for Good, Reclaim Finance, Eclaircies, Lingo

[18Pillage climatique : comment une puissante minorité plonge le monde dans le chaos ». "Chaque jour, une personne parmi les 0,1 % les plus riches émet plus de 800 kg de CO₂, un poids que même l’homme le plus fort du monde ne pourrait soulever. À l’inverse, une personne parmi les 50 % les plus pauvres émet en moyenne 2 kg de CO₂ par jour – un poids qu’un enfant peut porter" Télécharger en français

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