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Nourrir 9 milliards d’humains en 2050 ?2008 La production alimentaire croît plus vite que la population, mais au prix d’une érosion des ressources naturelles. La faim et la malnutrition restent massives dans les pays du Sud, en raison notamment de revenus insuffisants en milieu rural. Au Nord, une nourriture industrielle appauvrie et déséquilibrée entraînent différentes maladies. Une agriculture et une alimentation durables supposent à la fois des politiques agricoles, agroalimentaires et commerciales équitables, des techniques agroécologiques, une territorialisation des activités. |
En quarante ans, la production agricole a été multipliée par 2,6, fournissant en moyenne 2700 calories/jour par habitant contre 2450 cal/j pour 2,5 milliards de personnes en 1950.
Pourtant 13 % de la population mondiale ne mange toujours pas à sa faim, essentiellement en milieu paysan et rural : petits agriculteurs, ruraux sans terre, éleveurs, nomades, petits pêcheurs... Un nombre important d’entre eux sont des femmes. Les raisons de cette situation : manque de politiques agricoles pour soutenir les petits producteurs, inégalités d’accès aux moyens et aux ressources (terres, semences, formations, crédit…), concurrence déloyale des agricultures industrielles tournées vers les marchés mondiaux et souvent subventionnées.
Parallèlement, le capital naturel nécessaire à la production alimentaire diminue : érosion et salinisation des sols, désertification, pollutions par les pesticides et les engrais chimiques, baisse des nappes phréatiques. Or la population mondiale, qui tend à se concentrer dans les villes, aura besoin de 55 % de nourriture en plus en 2030. Répondre à cette demande nécessitera un recours plus important à l’irrigation, qui assure déjà 40 % de la production agricole, utilisant les trois-quarts de la ressource mondiale en eau douce. D’après la FAO, la productivité agricole devra augmenter de 56 % d’ici 2030.
Fortement concentrées, les transnationales agro-alimentaires et la grande distribution pèsent énormément sur le commerce et les modèles agricoles et alimentaires. On peut trouver actuellement 15 000 produits alimentaires dans un surpermarché alors qu’en 1950, une épicerie pouvait en compter 1500. La plupart des produits sont raffinés, transformés, et contiennent de nombreux additifs (conservateurs, exhausteurs de goût, agents de texture, etc.).
Le régime alimentaire actuel des pays industrialisés et des couches urbaines dans le monde entier est largement déséquilibré et causes de maladies (maladies cardiovasculaires, cancers, diabète...). Ce modèle alimentaire comporte de plus en plus de viande - notamment de la viande rouge -, de produits laitiers, de sel, d’huiles et sucre raffinés… et insuffisamment de céréales complèges, de légumes et de fruits, de micro-nutriments, de fibres, et de certains acides gras. 1 milliard de personnes sont en surpoids et 300 millions souffrent d’obésité (1,5 million d’enfants en France).
Les experts réunis à l’occasion de ce colloque estiment "qu’il est possible de répondre au défi de nourrir 9 milliards d’individus à l’horizon 2050, avec plusieurs conditions :
diminution des pertes à tous les niveaux : champs, stockage, transport, transformation, distribution, consommation ; inflexion des tendances d’évolution des consommations alimentaires, notamment dans la relation qui associe hausse des revenus et croissance des consommations.
investissement dans la recherche, la recherche-développement et dans la formation, pour augmenter les rendements, et pour concevoir et diffuser des systèmes de production agricole compatibles avec la préservation des écosystèmes et robustes face aux changements climatiques,
investissements dans les infrastructures suffisantes et régulation des échanges qui resteront indispensables, car certaines zones resteront déficitaires..."
Consulter la syntèse du colloque sur le Site de l’INRA
Le sommet de la FAO ou "Conférence de haut niveau", tenu à Rome, avait pour objectif de faire le point sur la sécurité alimentaire mondiale en tenant compte des défis du changement climatique et des bioénergies.
Aide aux pays en développement
La déclaration finale, adoptée par consensus, exhorte la communauté internationale à accroître son aide aux pays en développement pour qu’ils augmentent leur production agricole et vivrière et renforcent leurs investissements dans l’agriculture. Cela pourrait s’accompagner d’un réexamen du service de la dette.
Le texte invite également les gouvernements à assurer aux agences des Nations Unies les ressources nécessaires pour accroître et améliorer leur aide alimentaire et pour appuyer leurs programmes de filets de sécurité en vue de faire face à la faim et à la malnutrition, le cas échéant en ayant recours à des achats locaux ou régionaux.
Les défis du changement climatique
La déclaration souligne la nécessité de traiter la question fondamentale de savoir comment accroître la capacité de récupération des actuels systèmes de production vivrière face aux défis du changement climatique.
Appel au dialogue sur les biocarburants
La déclaration souligne que des études approfondies sont nécessaires pour faire en sorte que la production et l’utilisation des biocarburants soient durables, conformément aux trois piliers du développement durable, et tiennent compte de la nécessité de parvenir à la sécurité alimentaire mondiale et de la maintenir. Il s’agit de "stimuler un dialogue international cohérent, efficace, fondé sur les résultats et ce, dans le contexte de la sécurité alimentaire et des besoins en matière de développement durable."
Le Programme de Doha et le commerce
La déclaration "encourage la communauté internationale à poursuivre ses efforts en matière de libéralisation des échanges internationaux de produits agricoles en réduisant les obstacles au commerce, et les politiques qui sont à l’origine de distorsions des marchés".
Télécharger le texte complet de la Déclaration finale (document PDF)
Coordination SUD, la coordination nationale des ONG françaises de solidarité internationale, a déclaré "souhaiter" que le sommet de la FAO "soit l’occasion d’un bilan sérieux des politiques passées". "Nous souhaitons", poursuit SUD "que nos responsables, au-delà de remèdes apportés aux conséquences immédiates de la crise alimentaire chronique, et aujourd’hui spectaculaire, se penchent sur les causes de la pauvreté grandissante, de l’asphyxie des agricultures locales et nationales et de l’instabilité destructrice des marchés agricoles mondiaux."
Dans cette optique, Coordination SUD a publié un "Document de position" résumant les analyses de ses ONG membres.
Télécharger le Document de position (document PDF)
Nourrir l’humanité, les grands problèmes de l’agriculture mondiale au XXIe siècle, Bruno Parmentier, La Découverte, 2007
L’alimentation dans le monde, mieux nourrir la planète, Jean-Paul Charvet, Petite Encyclopédie Larousse
Agricultures et paysanneries des tiers-monde, Marc Dufumier, Khartala, 2004
Sur le site Adéquations, l’objectif 1 du Millénaire pour le développement
« Etat de l’insécurité alimentaire dans le monde » : http://www.fao.org/sof/sofi/index_fr.htm