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Mardi 19 mars 2024

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Présentation succincte de onze notions-clés de la pensée de Jung

2008, par Anna Griève


Plusieurs notions clés de la pensée de Jung apparaissent tout au long des ouvrages d’Anna Griève. Il a semblé utile d’en préciser ici le sens.
Ces notions clés se retrouvent notamment dans le récent ouvrage publié par Anna Griève : Les Trois corbeaux, ou la science du mal dans les contes merveilleux, Editions Imago, février 2010.

Les passages de Jung cités dans les définitions ci-dessous sont
tirés des ouvrages suivants, dans l’édition à chaque fois indiquée :

1) Les Types psychologiques, Librairie de l’Université, Georg, 1968
2) Dialectique du moi et de l’inconscient, Gallimard, 1964
3) Psychologie et alchimie, Buchet-Chastel, 1970
4) Les Racines de la conscience, Buchet-Chastel, 1971

Ces passages sont reproduits avec l’aimable autorisation des éditeurs concernés.

 1) Archétypes – Inconscient collectif

Dans son étude intitulée Des archétypes de l’inconscient collectif (publiée pour la première fois dans les Annales d’Eranos, 1934, et reprise dans Les Racines de la conscience, Livre I), Jung distingue entre "une couche pour ainsi dire superficielle de l’inconscient", qu’il appelle "inconscient personnel", et une "couche plus profonde qui ne provient pas d’expériences ou d’acquisitions personnelles, mais qui est innée". "Cet inconscient … a des contenus et des modes de comportement qui sont … les mêmes partout et chez tous les individus. En d’autres termes, il est identique à lui-même chez tous les hommes et constitue un fondement psychique universel de nature supra-personnelle présent en chacun". Jung explique avoir choisi le terme "collectif" pour souligner le caractère universel de cette couche profonde de l’inconscient. Alors que les contenus de l’inconscient personnel sont "les complexes à tonalité affective, qui constituent l’intimité personnelle de la vie psychique"..., "les contenus de l’inconscient collectif sont les archétypes" (pages 13 et 14).

Ce terme, écrit Jung, "nous dit que nous avons affaire, dans les contenus inconscients collectifs, à des types anciens, ou, mieux encore, originels, c’est-à-dire à des images universelles présentes depuis toujours" (le grec "arkhaios" signifie "ancien"). Il précise aussitôt que "la notion d’archétype ne convient qu’indirectement aux représentations collectives", telles qu’on les trouve dans le mythe et le conte, "car elle ne désigne que les contenus psychiques qui n’ont pas été soumis à une élaboration consciente". Il réserve donc ici la désignation d’archétype à "une donnée psychique encore immédiate", telle qu’elle surgit dans les rêves et les visions et qui est "beaucoup plus individuelle, plus incompréhensible ou plus naïve que, par exemple, dans le mythe". Puis, considérant que cette donnée psychique immédiate est "un contenu inconscient modifié en devenant conscient et perçu, et cela dans le sens de la conscience individuelle où il émerge", il finit par établir, dans la note relative à ce passage (note 4) qu’« on doit, pour être exact, distinguer entre "archétype" et "représentation archétypique". L’archétype en soi est un modèle hypothétique, non manifeste, comme le "pattern of behaviour" des biologistes » (même ouvrage, pages 15 et 16).

Dans Dialectique du moi et de l’inconscient, Jung parle des archétypes comme d’images virtuelles : "La forme et la nature du monde dans lequel l’être naît et grandit sont innées et préfigurées en lui sous forme d’images virtuelles". Ainsi les parents, la femme, les enfants, la naissance et la mort sont innés en lui sous forme de disponibilités psychiques préexistantes, sous forme d’images virtuelles, qui "sont comme le sédiment de toutes les expériences vécues par la lignée ancestrale ; elles en sont le résidu structurel, non les expériences elles-mêmes". "Tant que ces images … ne sont pas meublées de contenus déterminés par le vécu, il faut les penser comme des cadres vides ; à cause de cela elles demeurent invisibles et inconscientes. Elles n’acquièrent teneur et par conséquent influence sur le sujet ... qu’en tombant en concordance avec une donnée vécue" (pages 169 et 170).

L’être en soi des archétypes nous reste donc inconnu, mais leur existence se déduit de l’expérience des images archétypiques. L’image archétypique "n’est pas seulement image en soi, mais en même temps aussi dynamisme" (Les Racines de la conscience, page 535). Elle a un caractère numineux, c’est-à-dire un pouvoir de fascination (ibid.), le "pouvoir de saisir et d’émouvoir l’individu" (même ouvrage, page 393). On pourrait définir l’archétype comme un esprit ou un sens inhérent à l’instinct, et qui se manifeste, selon l’attitude du conscient humain, soit comme instinct, soit comme esprit (ce qu’il faut entendre non comme intellect, mais comme facteur spirituel) (même ouvrage, page 529).

Jung parle de l’archétype du père, de l’archétype de la mère, des archétypes de l’anima (empreinte et image du féminin chez l’homme) et de l’animus (empreinte et image du masculin chez la femme), ainsi que de l’archétype du Soi qui régit le processus d’individuation (voir plus bas les définitions "individuation" et "archétype du Soi"). Mais il parle aussi de l’archétype de l’enfant divin, de la naissance, du couple divin, du vieux sage, de l’unité, de l’arbre, de la croix etc… On peut être tenté en effet de parler d’archétype à propos de chacune de ces images, tant le sens de chacune est riche et profond. Il y aurait alors une multiplicité d’archétypes. Mais on voit bien que la croix et le cercle sont deux images de l’unité (même si elles la présentent de façon différente), et que l’unité à son tour se rapporte à l’archétype du Soi en tant qu’il est une union des contraires. De même, si l’on considère par exemple l’image du vieux sage, on peut facilement la comprendre comme un aspect spirituel de l’archétype du père, qui oriente celui qui le rencontre à l’intérieur de lui-même vers la voie de l’individuation, ou l’aide à résoudre une difficulté du chemin. Le vieux sage peut dès lors être également compris comme une figure de l’archétype du Soi. On pourrait donc le définir comme une figure du père porteur du Soi. Ainsi qu’on le voit, il est finalement assez indifférent de parler de l’archétype ou de la figure archétypique du vieux sage.

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