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Fiche 2 : De l’approche "femmes dans le développement" à "genre et développement"novembre 2009 |
Dans un premier temps, les besoins des femmes ont été ciblés, avec pour objectif d’améliorer leur situation économique, alimentaire, sanitaire… Les évaluations à mi-parcours de la Décennie des Nations unies pour la femme (1975-1985) ont montré que ces actions avaient souvent eu des effets pervers, en cantonnant les femmes au rang de bénéficiaires, en gardant une vision stéréotypée du rôle des femmes (projets de santé, éducation des jeunes enfants, nutrition) et sans prendre en compte les inégalités initiales liées notamment à leur subordination. Les petits projets femmes se sont superposés les uns aux autres, contribuant à marginaliser la place des femmes dans le développement. (Sur l’historique, cf. Fiche 9).
Le mot d’ordre a alors été d’intégrer les femmes au processus de développement. Mais les impacts de la mondialisation économique, notamment à partir de la crise de la dette dans les années 80, puis de la libéralisation des échanges dans les années 90, ont conduit à s’interroger sur le renforcement des inégalités au sein même du développement, et finalement sur la nature du développement et de ses finalités. Ainsi, des programmes d’ajustement structurel ont aggravé la charge de travail de femmes, en reportant sur elles des carences dues aux restrictions budgétaires affectant des services sociaux. Les structures familiales ont évolué, en fonction notamment des migrations. Des femmes ont acquis plus d’autonomie, mais ont également dû affronter des phénomènes de violences liées à la perte d’emploi des hommes.
Dans les années 90, le développement durable visant à concilier les composantes écologiques, sociales, économiques, culturelles du développement, a mis l’accent sur la participation des acteurs et actrices du développement et l’égalité des femmes et des hommes. En 1995, la Conférence de Pékin sur le statut de femmes a diffusé l’approche genre et développement. Il s’agit de répondre aux besoins spécifiques et différents de chaque sexe, en visant une autonomisation (empowerment) des femmes et en prenant en compte à la fois les inégalités familiales et sociales.
Cette approche genre conduit à identifier des rapports de pouvoir, à questionner des institutions et des pratiques. Plus complexe, nécessitant flexibilité et dialogue, elle est aussi plus efficace à moyen et long terme. En effet c’est souvent une combinaison entre manque de participation et prise en compte insuffisante des rapports sociaux entre sexes qui fait échouer les projets.
FEMMES ET DEVELOPPEMENT (FED) | GENRE ET DEVELOPPEMENT (GED) | ||
N°1 : Le centre d’attention | Les femmes | Les relations entre les femmes et les hommes | |
N°2 : Le problème de départ | L’exclusion des femmes du processus de développement | L’inégalité des relations de pouvoir qui empêche le développement équitable et la pleine participation des femmes | |
N°3 : L’objectif | L’intégration des femmes dans le processus du développement | Le développement équitable avec des femmes et des hommes comme décideurs | |
N°4 : La solution | L’intégration des femmes dans le processus existant du développement | La transformation des relations et la redistribution des pouvoirs, donc l’évolution du mode de développement | |
N°5 : Les stratégies | • Montage de projets de femmes et de projets intégrés • Augmentation de la productivité des femmes • Augmentation du revenu des femmes • Renforcement des compétences des femmes au sein du foyer |
• Identification des besoins pratiques formulés par les femmes et les hommes • Mise en évidence des intérêts stratégiques des femmes • Renforcement du pouvoir et de l’autonomie des femmes (empowerment) |
Les approches femmes et développement répondant généralement de façon pragmatique à des besoins immédiats des femmes gagnent à s’articuler avec :
• un appui spécifique au renforcement des intérêts stratégiques des femmes, compte-tenu de situations de départ généralement inégalitaires ;
• une prise en compte des besoins qui peuvent être différents selon les femmes et les hommes et la prise en compte des relations entre femmes et hommes.
La démarche de genre ne vise pas seulement les projets s’adressant à des femmes. Elle s’applique à toutes les actions et concerne autant les hommes que les femmes puisqu’il s’agit de tenir compte des dynamiques sociétales dans lesquelles chacun et chacune se situe. L’approche de genre suppose en amont un diagnostic approfondi, intégrant simultanément les aspects sociaux, économiques, culturels, environnementaux, politiques du développement, en prenant en compte les différences dites sexospécifiques. Elle prévoit d’assurer la participation égale des hommes et des femmes à tous les stades de l’action et un suivi et une évaluation au regard du genre et de l’objectif d’égalité des femmes et des hommes.
La prise en considération des rapports de genre s’articule avec l’analyse d’autres facteurs et clivages ou de discrimination sociaux-économiques : appartenance à une communauté, à une caste, origine ethnique, classe sociale, niveau de revenus, religion, statut matrimonial, activité formelle et/ou informelle, classe d’âge, situation de handicap…
Le genre est une notion dynamique
De nombreux événements et processus de transformation sociale, économique, écologique font évoluer en permanence les rapports sociaux de sexes. Ces processus sont internes aux sociétés et aux groupes sociaux mais aussi influencés par des contextes extérieurs : mondialisation économique, migrations internationales… Toute action de développement et de solidarité internationale se situe dans des contextes spécifiques et en mouvement.
un concept sociologique analysant les modalités des rapports sociaux entre femmes et hommes et leur caractère inégalitaire ;
un objectif politique de mise en œuvre des droits humains fondamentaux ;
une méthodologie proposant des outils concrets pour une meilleure efficacité des organisations et de leurs actions.