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Selon le PNUE, la perte de la biodiversité, c’est la perte de ressources pour la médecineCommuniqué de l’ONU, 14 septembre 2010 Jeudi 16 septembre 2010 |
Dans une tribune publiée dans plusieurs journaux de la planète, via le réseau Project Syndicate, Eric Chivian et Aaron Bernstein, chercheurs à l’Ecole de médecine de l’Université Harvard, ainsi qu’Achim Steiner, le Directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) tirent la sonnette d’alarme sur les risques que fait courir la disparition de la biodiversité à la recherche médicale et scientifique.
Des forêts aux récifs coralliens, en passant par les rivières d’eau douce et les océans, la biodiversité est essentielle pour le fonctionnement des écosystèmes dont dépend la vie sur terre. La disparition de plus en plus rapide de cette diversité aura un impact sur les sociétés humaines, notamment pour la médecine, un domaine souvent ignoré ou négligé, écrivent-ils.
Depuis des millénaires, les hommes utilisent la nature pour se soigner, découvrant des remèdes et inventant des traitements, par exemple l’aspirine, venue du saule ou plus récemment le Taxol, médicament révolutionnaire contre le cancer extrait de l’écorce de l’if du Pacifique.
« Les plus grandes découvertes sont peut-être à venir, à condition que la richesse et l’abondance de la nature soient conservées, afin que les générations actuelles et futures de chercheurs puissent continuer leurs recherches et faire de nouvelles découvertes utiles aux malades partout dans le monde », estiment les auteurs de l’article.
Un exemple concret est celui des ours polaires, menacés d’extinction par le changement climatique. Ils sont capables de passer jusqu’à sept mois de l’année en hibernation, essentiellement immobiles, ce qu’aucun être humain ne pourrait faire sans perdre au moins un tiers de sa masse osseuse.
Les ours polaires au contraire développent de nouveaux os, grâce à la production d’une substance qui inhibe les cellules fragilisant les os mais favorise celles qui produisent du cartilage et de l’os. Étudier les ours en hibernation, c’est donc se rapprocher peut être de nouveaux traitements des millions de fractures de la hanche nées de l’ostéoporose - une maladie qui, rien qu’aux Etats-Unis, tue 70.000 personnes chaque année et coûte 18 milliards de dollars.
De la même manière, les ours en hibernation peuvent survivre pendant plusieurs mois sans évacuer leurs excréments. Pour l’homme, l’accumulation de ces substances toxiques seraient synonyme de décès au bout de quelques jours. Etudier scientifiquement cette particularité des ours et comprendre la manière dont ce phénomène est possible, pourraient conduire à développer des traitements pour 1,5 million de personnes qui souffrent d’insuffisance rénale à travers le monde.
Enfin, les ours polaires qui se gavent de graisses pour survivre pendant les mois d’hibernation ne deviennent pas diabétiques. L’étude de ce phénomène peut là encore permettre de trouver des traitements du diabète lié à l’obésité, qui touche plus de 190 millions de personnes à travers le monde.
En 2010, Année mondiale de la biodiversité, les gouvernements étaient censés multiplier les efforts et les initiatives pour enrayer la destruction d’espèces animales, végétales ou d’autres organismes. « Ce n’est pas arrivé, le rythme de la destruction de la biodiversité s’est au contraire accéléré, laissant se rapprocher ce que les scientifiques appellent ’la sixième vague d’extinction’ », écrivent les auteurs de l’article.
Dans ces circonstances, les gouvernements ont, selon eux, encore une occasion de s’engager réellement pour inverser cette tendance dramatique, lors de la 65e Assemblée générale de l’ONU qui commence aujourd’hui à New York et surtout lors de la réunion sur la Convention sur la diversité biologique (CDB) qui se déroulera en octobre à Nagoya, au Japon.
« Ce doit être l’année où un remède à la dégradation de l’environnement se trouve et une gestion beaucoup plus intelligente d’un monde naturel commence à prendre forme : ce sera une percée importante pour la richesse mais aussi de plus en plus la santé de l’humanité au 21e siècle », estiment les deux chercheurs et le directeur du PNUE.
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