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Enseignements et recommandations du programmeVendredi 1er janvier 2016 Ces enseignements et recommandations sont issues de la publication de capitalisation du programme "Genre et économie, les femmes actrices de développement" élaborée par Adéquations. Ils sont développés et complétés dans la brochure avec des retours d’expériences, des témoignages et des outils méthodologiques. |
Une ligne budgétaire est à prévoir, dès la conception du projet, pour l’accompagnement en genre, pour pouvoir renseigner des indicateurs* sexo-spécifiques, pour la formation, le plaidoyer, la capitalisation.
L’approche de genre concerne l’ensemble du cycle du projet : conception, programmation, budgétisation, mise en oeuvre et suivi, évaluation, capitalisation… La connaissance de la gestion du cycle de projet est donc nécessaire à l’intégration du genre.
Le genre est une approche foncièrement participative, seule garante de l’appropriation et de la transformation sociale sur la durée. Des démarches et techniques d’animations, issues ou proches de l’éducation populaire, permettent des prises de conscience qui entraînent l’émancipation.
Dans tous les pays, notamment au Sud, existent des structures et personnes-ressources genre, avec lesquelles il est judicieux d’établir un partenariat car elles connaissent leur contexte, les enjeux et la façon appropriée d’aborder les besoins* pratiques et intérêts stratégiques des publics concernés.
Le diagnostic initial constitue une étape essentielle pour avoir une vision du contexte en matière de politiques publiques de genre, des relations sociales entre femmes et hommes, etc. et pour suivre et évaluer les résultats obtenus, par des enquêtes de terrain.
Les démarches d’enquêtes, d’entretiens, de parcours de vie auprès de groupes de femmes et d’hommes, doivent être réalisées par des personnes habituées à mener ce type d’entretiens et bien au fait des questions de genre, sinon elles peuvent être contre-productives.
Les indicateurs de genre visent à mesurer le changement des relations sociales et les progrès vers l’autonomisation des femmes. Ils sont souvent difficiles à renseigner. Il faut se donner le temps de les co-construire avec les personnes concernées ; on peut en faire aussi un outil pédagogique.
L’enjeu est de parvenir à une synergie entre les composantes économiques et les composantes genre des projets. Une simple juxtaposition n’est pas suffisante, l’idéal étant de revisiter les procédures techniques elles-mêmes au regard du genre.
L’augmentation et la pérennisation des revenus des femmes constituent un objectif central mais il n’est pas suffisant. Un accompagnement spécifique genre est nécessaire pour que cet objectif ne soit pas perverti.
La formation de l’ensemble des acteurs et actrices, quelle que soit leur place dans le projet, est au coeur de l’appropriation de l’approche de genre. L’alphabétisation est un préalable à l’autonomisation des femmes.
Les ateliers d’échanges de pratiques ou de capitalisation rassemblant des acteurs de différents projets au niveau national et sous-régional renforcent les compétences en genre en les croisant. La mobilité des femmes ne va pas de soi et doit être encouragée.
La transformation de relations sociales fondées sur des inégalités d’accès aux ressources et de contrôle de ces ressources et sur une participation inéquitable au pouvoir décisionnel va rarement sans heurts. Il faut se préparer, anticiper les risques de conflits, élaborer des stratégies pour les gérer.
Plus encore que certains stéréotypes sociaux, ces tabous sont souvent très ancrés, mais l’expérience a montré qu’ils peuvent évoluer si on les aborde par la négociation, le dialogue et des alliances avec des leaders d’opinion.
En particulier, deux écueils peuvent amoindrir les effets positifs d’un projet : le transfert de tâches domestiques ou d’exécution vers d’autres femmes, vers les filles et les jeunes garçons ; le désengagement du mari de dépenses qu’il assumait précédemment.
« La » femme africaine en tant que telle n’existe pas. Il faut prendre en compte plusieurs profils de femmes à qui apporter des appuis spécifiques : les jeunes filles, les veuves, les femmes en mariage polygamique…
La définition d’objectifs de plaidoyer en faveur de l’égalité et des droits des femmes est un élément clé. Plus le plaidoyer est directement ciblé sur les aspects économiques ou techniques du projet, plus il sera efficace, par exemple pour obtenir le contrôle de facteurs de production pour les femmes.
Le genre ne concerne pas uniquement les femmes, mais l’évolution des rapports sociaux entre femmes et hommes. L’intégration d’une analyse et d’une démarche de genre est possible que le projet soit mixte ou non mixte.
Ces vecteurs d’information sont de plus en plus faciles à utiliser, avec notamment la généralisation des téléphones portables en Afrique. La radio rurale est très écoutée et des partenariats permettent de toucher un large public.
Au-delà des personnes, il s’agit d’ancrer le genre dans les structures et leurs pratiques organisationnelles, y compris la communication en prévoyant d’emblée des objectifs et des modalités pour cela.
Même si le financement du programme est terminé, les projets devraient se donner les moyens pour assurer un suivi, s’assurer que les partenaires locaux se sont approprié les enjeux du genre et continuent, par exemple, la récolte de données sexo-spécifiques ou des plaidoyers.
Souvent, on s’exprime uniquement au masculin « les formateurs, les experts, les participants ». Ceci est lié à l’usage du français, mais cela peut induire des problèmes de compréhension dans des projets genre d’autant que ceux-ci s’adressent le plus souvent à des femmes.
Il est important que les pratiques soient recueillies, analysées et restituées de façon pédagogique, depuis les « bénéficiaires », actrices et acteurs des projets, pour conforter les changements, jusqu’aux décideurs et bailleurs de fonds.
Des mécanismes financiers renouvelables et des modalités souples de mise en oeuvre comme les Fonds de solidarité prioritaire permettent de conforter les évolutions positives sur un temps social plus adéquat.