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Parution d’un rapport sur l’image des femmes dans les médias

Extraits du rapport publié le 25 septembre 2008

Lundi 29 septembre 2008

Les médias avantagent outrageusement les hommes, dans le choix des sujets, la présentation des interviewé(e)s, les temps de parole etc, et perpétuent une image stéréotypée et dévalorisante des femmes : c’est ce qui ressort du récent rapport de la Commission de réflexion sur l’image des femmes dans les médias, présidée par Michèle Reiser, productrice et membre du CSA.

Treize ans après la Conférence internationale de Pékin sur le statut des femmes, les objectifs du Programme d’action de Pékin sur "les femmes et les medias" paraissent très loin d’être atteints. Ces objectifs étaient de : permettre aux femmes de mieux s’exprimer et de mieux participer à la prise des décisions dans le cadre et par l’intermédiaire des médias et des nouvelles techniques de communication ; Promouvoir une image équilibrée et non stéréotypée des femmes dans les médias...


"L’enjeu de l’étude était d’analyser le décalage entre les stéréotypes qui continuent à s’appliquer à l’image des femmes et la pluralité de leurs rôles familial et social, de leurs activités et de leurs aspirations."

"Les représentations symboliques stéréotypées, qui s’inscrivent dans nos têtes par le biais des médias, figent la place des hommes et des femmes dans la société et constituent bien, après le droit, la morale et la politique, la dernière frontière de l’inégalité."

La Commission poursuivait un triple objectif :

- repérer les avancées pour en faire le socle d’un nouvel élan ;
- débusquer les stéréotypes à l’oeuvre, c’est-à-dire rendre visible l’invisible ;
- faire bouger les lignes en déstabilisant et en ringardisant la "pensée unique" en matière de représentation symbolique des femmes.

Premier constat : les femmes représentent 51% de la population française, mais il s’agit là d’une "majorité peu visible dans les médias", où existe "une pléthore d’archaïsmes et d’atteintes à la valeur des femmes".

L’approche quantitative révèle ainsi "la vérité sans fard des chiffres : une infériorité numérique des femmes, tous médias confondus (taux de présence et taux d’expression)". Ce qui suggère aux membres de la Commission cette question : "pourquoi donc les hommes auraient-ils besoin d’une presse qui leur soit spécifiquement dédiée, à l’instar de la presse féminine, quand on voit que la presse dite mixte leur fait une part aussi belle, y compris en termes iconiques ?"...

Lorsque dans un magazine "le lecteur ou la lectrice lit (...) 149 fois le pronom « il » et seulement 48 fois le pronom « elle » sur les 197 occurrences recensées, ne peut-on parler de harcèlement subliminal en faveur du « il » ?"

... L’approche qualitative hélàs ne sauve pas la situation, mais révèle au contraire "un statut secondaire et une invisibilité des thèmes de la modernité des femmes". Dans les médias, les femmes occupent souvent "un statut de seconde zone : passantes et ombres chinoises", elles "sont plus anonymes, moins expertes, à la fois en parole d’autorité et de savoir, et davantage victimes que les hommes".

Le rapport estime que "le fait qu’il y ait des femmes dans les journaux télévisés ne suffit pas à en faire des citoyennes identifiées ni des personnes légitimes sur la scène sociale, autrement en tout cas qu’au regard d’archétypes toujours bien vivaces".

"On peut donc dire que le travail des femmes reste un phénomène marginal pour les journaux télévisés. Pire encore, lorsqu’elles sont représentées dans le monde du travail, c’est le plus souvent dans des fonctions hiérarchiquement inférieures ou de valeur inégale.

Car le risque est grand qu’à force de ne pas donner la parole aux femmes, celles-ci s’accoutument à ne pas la prendre. Ainsi se profile trop souvent une galerie de femmes figurant, telles des ombres chinoises, sur la vaste scène du monde.

Que dire à l’issue de cette présentation ? C’est qu’il y a bien un effet d’entonnoir : les femmes sont déjà en nombre inférieur à celui des hommes, mise à part dans certains journaux télévisés, mais leur présence quantitative elle-même est en quelque sorte fragilisée, minée de l’intérieur par le traitement qui leur est fait en termes d’identification et de rôle social. C’est comme si leur visibilité, réelle néanmoins, perdait de sa substance par cette absence de nomination et par le sort qui était fait à leur statut social.

Ainsi les femmes meublent le champ plus qu’elles ne l’occupent ; elles font du remplissage et de la figuration, pas toujours intelligente. Elles constituent de la matière première pour remplir un devoir vertueux d’une mixité politiquement correcte ; elles sont un ingrédient de bonne conscience et non de responsabilité assumée ; elles jouent sur le registre du compte égal et non des parts égales. Elles sont le plus souvent des passantes et non pas des rouages de la marche du monde."

(...)

"Les femmes sont donc ou bien invisibles ou dans des positions secondaires dans les médias étudiés et les sujets retenus ne se font que très rarement l’écho des thèmes de la modernité des femmes.

Nous assistons ainsi à une opposition binaire, d’autant plus difficile à déceler qu’elle retrouve les schèmes anciens des rôles traditionnels dévolus aux hommes et aux femmes mais en les masquant sous un discours de modernité."


Vertu des mots, démenti des chiffres, voilà la principale conclusion à laquelle parvient la Commission, à l’issue de son travail d’analyse. Le réel résiste farouchement à l’idéal proclamé par les professionnels des médias !

Un constat identique, quoique paradoxal : un même conformisme confondant dans la représentation des femmes mais avec des moyens diamétralement opposés :

- le maintien des femmes dans l’ombre masculine, leur invisibilité, leur caractère secondaire pour ce qui est de leur vie sociale ;
- un exhibitionnisme forcené, la généralisation de caractéristiques corporelles qui n’appartiennent qu’à une classe d’âge, la valorisation du marginal et des extrêmes pour les jeux du corps.

Entre le marais des représentations sociales et la promotion des extrémismes marginaux des corps et des comportements sexuels, la réalité des femmes est proprement introuvable.

P.-S.

- A consulter sur le site d’Adéquations : notre rubrique Egalité et genre
- Consulter en ligne l’objectif du Programme d’action de la conférence de Pékin "Les femmes et les medias"

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