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Circulaire "Généralisation d’une éducation à l’environnement pour un DD"Circulaire n°2004-110 du 8-7-2004 2008 Cette circulaire de l’Education nationale remplace l’ancienne circulaire de 1977 qui définissait l’éducation à l’environnement et inscrit cette éducation à l’environnement dans le cadre du développement durable, qui intègre également des dimensions socio-économiques et culturelles. |
La présente circulaire remplace celle du 29 août 1977 (n° 77-300) et vise à donner une dimension pédagogique nouvelle à l’éducation à l’environnement en l’intégrant dans une perspective de développement durable. Elle s’inscrit dans la stratégie nationale en faveur du développement durable, adoptée par le Gouvernement en juin 2003, qui souligne le rôle déterminant du système éducatif. Elle s’appuie sur les recommandations du rapport de l’inspection générale de l’éducation nationale remis au ministre en 2003 et sur les conclusions de l’expérimentation menée en 2003-2004 dans les écoles et établissements de dix académies.
L’éducation à l’environnement pour un développement durable doit être une composante importante de la formation initiale des élèves, dès leur plus jeune âge et tout au long de leur scolarité, pour leur permettre d’acquérir des connaissances et des méthodes nécessaires pour se situer dans leur environnement et y agir de manière responsable.
La prise de conscience des questions environnementales, économiques, socioculturelles doit, sans catastrophisme mais avec lucidité, les aider à mieux percevoir l’interdépendance des sociétés humaines avec l’ensemble du système planétaire et la nécessité pour tous d’adopter des comportements propices à la gestion durable de celui-ci ainsi qu’au développement d’une solidarité mondiale.
Selon le souhait du Président de la République, la Charte de l’environnement intégrée à la Constitution française aux côtés des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et des droits économiques et sociaux de 1946 implique la responsabilité de tous ; c’est pourquoi “l’éducation et la formation à l’environnement doivent contribuer à l’exercice des droits et des devoirs” définis par la Charte (art. 8).
L’environnement peut être défini comme “l’ensemble, à un moment donné, des aspects physiques, chimiques, biologiques et des facteurs sociaux et économiques susceptibles d’avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les activités humaines” (circulaire n° 77-300 du 29 août 1977). D’une façon plus générale, l’environnement est constitué de “l’ensemble des éléments qui, dans la complexité de leurs relations, constitue le cadre, le milieu, les conditions de vie pour l’homme” (Pierre George, géographe).
Conformément à la stratégie nationale, l’étude de l’environnement doit donc se placer dans la perspective du développement durable, défini comme “un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs” (selon les termes du rapport Brudtland de 1987, “Notre avenir à tous”). Le concept de développement durable revêt une dimension éducative particulièrement riche, en ce qu’il conduit à prendre en compte :
les différentes échelles de temps et d’espace ;
la complexité du domaine dont les multiples composantes, interagissant entre elles, appellent une approche systémique ;
les différents axes d’analyse scientifique qui fondent un développement durable (composantes environnementales, économiques, sociales, culturelles) ;
la complexité des questions et des réponses envisagées, ce qui implique une approche critique et met en valeur l’importance des choix et la responsabilité de chacun dans ces choix.
L’éducation à l’environnement pour un développement durable intègre pleinement, par le regard porté aux territoires, les valeurs associées à un développement solidaire. Cette nouvelle dimension pédagogique doit permettre de mieux identifier et d’organiser une éducation cohérente et progressive à l’environnement pour un développement durable au bénéfice de tous les élèves, sur l’ensemble de leur parcours de l’école primaire au lycée.
À compter de la rentrée 2004, les élèves bénéficieront d’une éducation à l’environnement pour un développement durable qui leur assurera une formation progressive tout au long de leur cursus scolaire. L’éducation à l’environnement pour un développement durable ne constitue pas une nouvelle discipline. Elle se construit de façon cohérente et progressive tant à l’intérieur de chaque discipline ou champ disciplinaire (entre les différents niveaux d’enseignement) qu’entre les différentes disciplines (à chaque niveau). Elle doit donc s’appuyer :
sur les enseignements disciplinaires dont les objectifs sont définis par les programmes scolaires, chaque discipline contribuant à l’analyse des situations avec ses contenus et ses méthodes spécifiques ; la souplesse introduite dans certains programmes et les thèmes laissés au choix des enseignants doivent être pleinement utilisés ;
sur les croisements des apports disciplinaires préconisés dans les programmes et adoptant une approche systémique ;
sur les dispositifs transversaux inscrits dans les grilles horaires et permettant la mise en œuvre de démarches de projets : itinéraires de découverte au collège, travaux personnels encadrés dans la voie générale des lycées, projets pluridisciplinaires à caractère professionnel au lycée professionnel. En effet, il convient également de développer l’expérience concrète et directe permettant de susciter des prises de conscience susceptibles d’engendrer des comportements responsables ;
sur les temps de débat organisés à l’école, au collège et au lycée dans le cadre notamment des séances de “vivre ensemble” ou d’éducation civique.
À l’école primaire, l’éducation au développement durable est fondée sur l’acquisition de connaissances et de comportements ancrés dans une démarche d’investigation des problématiques liées à l’environnement. Les programmes de l’école primaire arrêtés le 25 janvier 2002 ( B.O. hors-série n°1 du 14 février 2002) fournissent de nombreuses occasions d’aborder les questions se rapportant à l’environnement et au développement durable. Au collège et au lycée, l’ensemble des disciplines doit concourir à l’éducation à l’environnement pour un développement durable. Outre des entrées inscrites dans les programmes d’enseignement, comme la biodiversité, les changements climatiques, la gestion des ressources..., l’environnement pour un développement durable doit intégrer certaines dimensions de l’éducation à la santé et au risque, à la citoyenneté et, plus généralement, au développement solidaire. Ainsi, les élèves seront capables de mesurer les conséquences de leurs actes sur l’environnement.
Compte tenu de sa spécificité, l’environnement pour un développement durable doit reposer sur des démarches pédagogiques diversifiées privilégiant des situations concrètes qui développeront chez les élèves la sensibilité, l’initiative, la créativité, le sens des responsabilités et de l’action. Les sorties scolaires sous toutes leurs formes (y compris les classes de mer, de neige, les classes vertes...) constituent dans cette optique un cadre particulièrement favorable. En fonction des ressources locales, les enseignants mettront en place des partenariats propres à enrichir les démarches pédagogiques. La pratique des partenariats a été largement développée dans le cadre des actions culturelles et éducatives (notamment les ateliers de culture scientifique et technique). Il conviendra donc de s’en inspirer.
Depuis 1993, date du deuxième protocole d’accord entre les ministères en charge de l’éducation et de l’environnement, la collaboration interministérielle se décline localement, avec des services déconcentrés des ministères concernés, des collectivités territoriales et locales, des institutions internationales, de grands organismes et les réseaux du secteur associatif. Les initiatives prennent les formes les plus diverses : éducation à l’environnement, politique culturelle, charte territoriale ou européenne, création de pôles de ressources spécifiques ou mise en place de formations avec des centres ou des instituts spécialisés.
Un certain nombre d’actions éducatives conduites depuis plusieurs années en concertation avec d’autres ministères (agriculture, environnement, culture, justice) ou avec des collectivités, peuvent entrer dans les orientations présentées ici. Reposant sur l’engagement des enseignants et des élèves, elles gagneront à être inscrites au projet d’école ou d’établissement, en liaison directe avec la réflexion menée sur les enseignements. Les ressources et partenariats, dans leur diversité, doivent contribuer à servir les objectifs d’une éducation à l’environnement pour un développement durable, tels qu’ils sont fixés par le ministère de l’éducation nationale. Au niveau national, diverses instances comme le Centre national de documentation pédagogique, participeront activement à cette démarche. Au niveau régional, dans le cadre de démarches partenariales contractuelles, seront développés des relais pour le recueil et la diffusion des ressources relatives à l’EEDD.
L’éducation à l’environnement pour un développement durable est généralisée dès la rentrée 2004. La prérentrée offrira l’opportunité de travailler, dans les écoles et les établissements scolaires, à une mise en œuvre concertée et cohérente de cette démarche. Dans ce cadre, les équipes pédagogiques sont appelées à définir de manière collégiale des temps forts et des points d’ancrage dans chaque discipline pour construire une progression coordonnée. Dans le premier degré, le projet d’école définit, au niveau de chaque cycle, une programmation annuelle des thèmes à aborder et des projets. Au collège et au lycée, l’environnement pour un développement durable participe au projet d’établissement : sensibilisation à l’écoresponsabilité, élaboration de projets conjoints avec d’autres écoles ou établissements scolaires en France ou à l’étranger, construction de partenariats. L’investissement des personnels non enseignants renforcera la dimension éducative, favorisera la transmission intergénérationnelle et encouragera des comportements exemplaires hors de la classe. Un document d’accompagnement pédagogique élaboré par l’inspection générale et la direction de l’enseignement scolaire apportera des éléments méthodologiques et présentera les points d’ancrage dans les programmes. La généralisation de l’environnement pour un développement durable sera également accompagnée par des actions de formation, tant dans le cadre du programme national de pilotage que dans celui des plans académiques de formation. Les recteurs sont invités à prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la mise en œuvre de l’éducation à l’environnement pour un développement durable.