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L’exemple des pesticides Laurent Le Guyader, MDRFG : l’exemple des pesticidesConférence de presse du 9 octobre 2008, lancement de l’Appel citoyen pour un encadrement du lobbying Dimanche 26 octobre 2008 Lors de la conférence de presse du 9 octobre 2008 de lancement de l’Appel citoyen pour un encadrement et une transparence des activités de lobbying en direction des instances de décisions publiques, Laurent le Guyader, membre du conseil d’administration du Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (MDRGF) a donné l’exemple des pesticides. |
Le MDRGF a beaucoup travaillé sur la directive européenne REACH sur les substances chimiques et la diminution de l’usage des pesticides de synthèse dans l’agriculture.
Je voudrais donner un exemple qui couvre d’autres formes d’influence indirecte et me focaliser sur la question de l’impact du lobbying sur l’évaluation et l’homologation des produits chimiques de synthèse, et plus précisément des pesticides de synthèse.
Au fil du temps, la puissance économique acquise par les semenciers et les fabricants de pesticides de synthèse est devenue énorme. La pensée que ce lobby véhicule depuis le début est : "nous avons les solutions pour lutter contre les causes de diminution des récoltes".
Les grands semenciers produisent des variétés dont les rendements théoriques sont élevés. Et de fait, au début ça fonctionne. Puis des problèmes se font jour : déséquilibres biologiques dans la vie du sol et érosion, apparition de maladies fongiques et déveleppement de populations d’insectes ravageurs.
Finalement, les hauts rendements ne sont plus possibles que grâce à des pesticides de synthèse et des engrais chimiques. La dégradation continue des écosystèmes pousse à aller de plus en plus loin dans cette voie.
Il est vrai que pendant un certain temps la destruction la plus importante est passée inaperçue puisqu’elle a eu lieu dans le sol. La pédologie ayant peu de praticiens, l’alerte de quelques spécialistes n’a pas été suffisamment prise en compte. Pourtant, plus la connaissance scientifique des écosystèmes s’affine, plus il est évident que cette agriculture intensive est gravement destructrice de notre environnement. Je vous renvoie aux rapports du Millenium Ecosystem Assesment (Evaluation des écosystèmes pour le millénaire).
Mais après plus de 50 ans de propagande plus ou moins rampante, dans les lycées agricoles, les écoles, dans les ministères, au Conseil économique et social et à l’Assemblée nationale, il est très difficile de faire passer un message contraire à celui de l’industrie agro-chimique et des semenciers. Exemple : le document édité par le GNIS (Groupement national interprofessionnel des semences), l’UIPP (Union des industries de la protection des plantes) et l’IFN (Institut français pour la nutrition), destiné aux professeurs de biologie dans les lycées.
Le problème est que la réalité de terrain est très complexe. Trop complexe pour être appréhendée par une industrie à la recherche de rentabilité immédiate. En prenant le temps nécessaire, il est possible de démontrer qu’il est faux de croire qu’un progrès technique puisse apporter une solution durable sans traiter la cause d’un problème. Mais celà revient à remettre en cause le système chimique actuel et abouti à se faire traiter de passéiste. Alors même que nous prônons des alternatives qui sont souvent nouvelles et qui fonctionnent très bien tout en étant durables. Elles ont le tort de ne pas faire appel à l’industrie, donc ne bénéficient pas de moyens de diffusion nécessaire qu’elles soient appliquées.
On pourrait espérer que le système démocratique rétablisse l’équilibre entre les deux forces de propositions, chimiques ou alternatives. Mais le déséquilibre reflète parfaitement l’influence des lobbies. Il est urgent d’empêcher le lobby chimique de continuer à déformer la réalité. Cette réalité que les responsables politiques et administratifs percevraient s’ils ne baignaient pas sans cesse dans la propagande du "progrès technique, souvent qualifié à tort de scientifique et censé être capable de tout résoudre".
Pour comprendre comment on en est arrivé là, vous pouvez vous référer à "Pesticides, révélations sur un scandale français", disponible maintenant en format de poche.