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Les disparités hommes-femmes sur le marché du travail en Afrique

Une étude de la Banque mondiale et de l’AFD

Vendredi 12 novembre 2010

La Banque mondiale et l’AFD ont publié en 2010 l’ouvrage Gender Disparities in Africa’s Labor Market, résultat d’une recherche conjointe sur une douzaine de pays africains. Ci-dessous un résumé analytique de cette étude, dont l’intégralité est téléchargeable (en anglais).


Recherche réalisée par Jorge Saba Arbache, Alexandre Kolev et Ewa Filipiak, rédacteurs

Résumé analytique

Au début des années 2000, les revenus du travail des femmes étaient de 75 % de ceux des hommes au Ghana, 51 % au Nigéria, 45 % au Mozambique et 23 % au Burkina Faso...

 Inégalités entre hommes et femmes en Afrique

L’égalité entre les sexes est l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et une cible majeure de la plupart des Documents de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP). En Afrique, les inégalités entre les sexes ont des effets néfastes potentiels tant sur la croissance durable que sur la réduction de la pauvreté. Or l’on sait relativement peu de choses sur les effets de l’inégalité entre les sexes sur le marché de l’emploi en Afrique, et encore moins comment concevoir des politiques plus efficaces pour les rectifier.

L’accès à l’éducation, l’emploi et un revenu confère aux femmes une influence dans la prise des décisions au sein de leurs ménages. Des études montrent que quand les femmes participent aux décisions du ménage, les dépenses sont affectées à des besoins essentiels tels que la santé et l’éducation des enfants, ce qui a un effet positif sur la réduction de la pauvreté.

 Pourquoi une étude sur les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail ?

Les disparités entre hommes et femmes sont particulièrement importantes dans le secteur de l’emploi. Dans nombre de pays africains, les femmes ont moins de chances d’obtenir des emplois rémunérés ; un nombre disproportionné d’entre elles se retrouve dans des emplois informels et précaires ; et elles sont moins bien payées. L’emploi rémunéré est un facteur déterminant de l’indépendance économique des femmes et un élément fondamental en vue de leur autonomisation. Les disparités entre les sexes sur les marchés de l’emploi doivent être réduites à la prémisse reconnue sur le plan international selon laquelle toute personne doit recevoir une égale rémunération pour un travail équivalent. Il est par conséquent essentiel de suivre la position relative des femmes en Afrique et d’attirer l’attention sur les localités dans lesquelles les femmes courent le risque de produire des résultats médiocres sur le marché de l’emploi.

  Inégalités sur le marché du travail – la discrimination en cause ?

Même après avoir pris en compte les facteurs qui expliquent habituellement les revenus générés sur le marché de l’emploi, notamment le capital humain (niveau d’études, formation et expérience), il reste un écart de salaire entre les hommes et les femmes. Si cette « composante inexpliquée » est souvent interprétée comme la discrimination à l’égard des femmes sur le marché de l’emploi, d’autres facteurs apportent des explications substantielles. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte et ont tendance à interagir en se renforçant mutuellement. Les différences sur les plans de l’éducation et d’autres variables du capital humain, combinées aux normes socioculturelles et à l’absence de pouvoir des femmes dans les ménages, semblent être des facteurs importants qui conduisent à la détérioration des résultats des femmes sur les marchés africains de l’emploi.

Il semble y avoir peu d’éléments probants pour étayer l’idée selon laquelle la discrimination sur le marché de l’emploi fournit une explication fondamentale des disparités entre les sexes dans les pays pauvres, en particulier ceux dont le marché du travail est étroit et ne peut offrir des emplois formels qu’à une infime partie de la population.

La création d’emplois est par conséquent essentielle pour assurer l’égalité entre les sexes : même en présence d’autres facteurs qui influent négativement sur les femmes, une croissance robuste et davantage d’emplois diminuent considérablement les inégalités rencontrées par les femmes dans les secteurs productifs.

  Éducation et marchés de l’emploi

Les compétences et les niveaux d’études ont un impact positif sur les résultats professionnels individuels des hommes et des femmes. Les disparités salariales entre hommes et femmes varient suivant le niveau d’instruction : plus élevé est le niveau d’études, moins important est l’écart de salaire.

En milieu urbain, l’éducation ne met pas toujours à l’abri du chômage, bien qu’elle augmente les revenus individuels et la probabilité de trouver un emploi dans les secteurs les plus rémunérateurs, autrement dit le secteur privé formel et le secteur public. Les femmes ont quasiment deux fois plus de chances que les hommes de se retrouver dans le secteur informel et environ deux fois moins de chances d’obtenir un emploi rémunéré dans les secteurs public et privé. Les employés ayant atteint l’enseignement supérieur gagnaient en moyenne plus de huit fois le salaire de personnes sans éducation, et plus de quatre fois celui d’individus ayant fait le cycle primaire.

En moyenne, les femmes africaines ont accès à moins d’opportunités d’instruction, les différences en termes de scolarisation étant plus problématiques en milieu rural où vit la majorité des Africains. En fait, les données étudiées montrent que les disparités en termes d’éducation se ressentent surtout en milieu rural.

 Chômage et sous-emploi

Dans le cas de l’Afrique, l’analyse du sous-emploi peut donner des résultats plus approfondis que les chiffres du chômage uniquement. De nombreux experts et organismes de développement ont déjà reconnu que le chômage n’est souvent pas une option abordable pour ceux qui rencontrent des difficultés pour trouver des emplois dans ces circonstances. Les mesures de suivi du sous-emploi – telles que la proportion de la population engagée dans des activités de subsistance ou des emplois sous-payés – pourraient être un meilleur moyen de déterminer la situation réelle de l’emploi sur les marchés africains.

Comme on pourrait s’y attendre sachant que les femmes africaines sont plus pauvres que les hommes tant sur le plan monétaire que du temps à leur disposition, les femmes sont surreprésentées dans les statistiques du chômage sur le continent.

De même, de nombreuses disparités entre les hommes et les femmes ont une emphase particulière, selon que l’on étudie les populations rurales ou urbaines. Les disparités entre les sexes dans le secteur de l’emploi ont tendance à être plus importantes dans les villes, ce qui indique que les femmes auraient plus de difficultés à y trouver un emploi.

Dans certains pays, la division du travail par sexe est plus marquée en milieu rural qu’en zone urbaine, tout comme l’accès à des infrastructures appropriées, ce qui empêche davantage les femmes rurales de consacrer du temps à des activités productives que leurs homologues des villes.

 Le travail d’une femme…

Les femmes africaines sont plus pauvres que les hommes, tant sur le plan monétaire que du temps dont elles disposent. Étant donné surtout qu’elles génèrent moins de revenus que les hommes, mais aussi en raison des normes culturelles et sociales, les femmes africaines ont généralement moins de pouvoir de négociation au sein du ménage que les hommes, et souffrent par conséquent d’un manque relatif de contrôle sur les décisions d’investissement du ménage. Elles doivent cuisiner, nettoyer, s’occuper des enfants et des personnes âgées, ainsi que d’autres tâches ménagères. Le temps qu’elles passent à s’occuper des tâches ménagères diminue le temps à leur disposition pour chercher et occuper effectivement un emploi.

Si, en Afrique, les disparités entre les sexes sont moindres en ce qui concerne l’accès à l’emploi en milieu rural, la division du travail par sexe est bien plus marquée en zones rurales que dans les villes, où les hommes se concentrent surtout sur le travail actif, alors que plus de femmes ont tendance à accumuler les deux types de travail. Le manque d’accès à des infrastructures telles que l’eau et l’électricité réduit davantage la capacité des femmes à investir le marché de l’emploi, limitant le temps qui leur est disponible pour faire un travail productif dans d’autres secteurs.

La division du travail par sexe est importante pour expliquer l’écart de salaire entre hommes et femmes. Si les marchés de l’emploi en Afrique semblent très diversifiés, il y a une différence entre les types d’emplois que préfèrent les femmes et les hommes ou pour lesquels ils sont capables de concourir. Les aspects spécifiques à un emploi, tels que les connaissances et les compétences, les besoins mentaux et physiques ainsi que les conditions de travail, peuvent influer sur le type d’emplois qu’obtiennent ou qu’acceptent les femmes. Ces différences en termes de préférences d’emplois, combinées aux normes culturelles et sociales, contribuent probablement aux divisions sectorielles entre hommes et femmes, cela se reflétant aussi dans les disparités de salaire entre les sexes.

Il importe de noter que dans la quasi-totalité des pays, les disparités entre les sexes dans le secteur de l’emploi sont en général moins importantes chez les jeunes. En même temps, les enfants se chargent d’un volume considérable de tâches ménagères. Cette obligation de travailler est plus visible en milieu rural et plus importante pour les filles que pour les garçons.

  Un monde d’hommes…

Comme il a été expliqué plus haut, le facteur déterminant qui créé les conditions initiales pour le renforcement des différences les plus importantes entre hommes et femmes est le manque généralisé d’opportunités économiques sur le continent. En Afrique, dans des régions connaissant une forte croissance économique, un chômage élevé des hommes est souvent associé à un chômage élevé des femmes, et il y a moins d’inégalités entre les sexes sur le marché de l’emploi. La situation est différente dans des pays connaissant des difficultés économiques.

En période de difficultés économiques, l’absence d’emplois amène les personnes ayant une meilleure éducation, une formation et le pouvoir au sein du ménage, généralement les hommes, à s’attribuer les quelques emplois disponibles. Les hommes s’adonnent plus au travail actif qu’aux tâches ménagères, et consacrent en moyenne plus d’heures de travail aux activités commerciales. Cette situation, couplée à leur avantage relatif sur le plan éducatif, fait qu’ils ont plus de chances que les femmes de s’approprier les emplois disponibles.

Par conséquent, les femmes en Afrique sont généralement plus vulnérables au manque d’opportunités d’emploi. Les données disponibles suggèrent que la discrimination potentielle fondée sur le genre pourrait s’accroître davantage dans des conditions économiques difficiles qu’elle ne le ferait en période de forte croissance économique.

 Synthèse des principales recommandations en matière de politiques

- Même en présence d’autres facteurs qui affectent négativement les femmes, une forte croissance et davantage d’opportunités sur le marché de l’emploi diminuent considérablement les inégalités subies par les femmes engagées dans des activités porteuses de revenus. Par conséquent, les gouvernements ne doivent pas lésiner sur les moyens pour stimuler la croissance économique, en particulier dans des domaines qui génèrent des emplois dans le secteur formel aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

- Les investissements consentis dans les infrastructures adéquates porteront des fruits de divs manières qui auront un impact positif sur d’autres secteurs d’utilité publique. La disponibilité de meilleures infrastructures devrait s’accompagner d’une augmentation de l’investissement privé, d’une amélioration des résultats de santé, et les femmes pourraient avoir plus de temps libre pour s’adonner à des activités productives, stimulant davantage la création de revenus.

- Les pays africains devraient aussi s’engager à garantir l’égalité entre les sexes à tous les niveaux d’éducation et à augmenter d’une manière générale le niveau d’instruction de la population. Dans tous les cas, une meilleure éducation se traduit par de meilleurs résultats pour les femmes, moins de disparités, et de meilleures perspectives pour le pays tout entier.

- Les attitudes à l’égard des femmes dans les pays en développement d’une manière générale, et en particulier au sein du ménage, réduisent les opportunités à la disposition de ces dernières. Le renforcement du pouvoir économique par l’accès à de meilleurs emplois et une meilleure éducation aura probablement une influence plus importante sur le changement de l’attitude de la société à l’égard des femmes au fil du temps. Cela dit, il semble, du moins dans certains pays, que se justifie une participation publique active à l’accélération du processus, notamment par des campagnes d’information publique axées sur l’amélioration de la contribution des femmes à l’économie nationale.


Les pays concernés de façon transversale par cette étude sont : Burkina Faso, Burundi, Côte d’Ivoire, Cameroun, Ethiopie, Gambie, Ghana, Guinée, Keynia, Madagascar, Malawi, Mauritanie, Mozambique, Nigéria, Sao Tome and Principe, Sierra Leone, Ouganda, Zambie.

Plusieurs thèmes sont développés de façon spécifique pour les pays suivants : République du Congo, Ethiopie, Guinée, Madagascar, Nigéria, Sierra Leone, Tanzanie

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