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Programme Genre et économie, les femmes actrices du développement

Eleveuse et… charcutière : tout un combat

Interviews réalisées entre 2010 et 2012 par Bénédicte Fiquet, Adéquations

Mardi 1er janvier 2013

Yawe Pouwalnawe est éleveuse de porcs. Le soutien que lui a apporté AVSF (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières), notamment en combattant le tabou qui empêchait les femmes de découper la viande, lui a permis de développer considérablement son activité et de renforcer son pouvoir de négociation au sein de la famille


Mots clés : pouvoir de décision sur les prix, autonomie, formation, médiation

«  Quand j’ai commencé, je n’avais que deux porcs que j’élevais dans une petite case ronde. Grace au projet, j’ai pu construire une porcherie améliorée et je me suis procuré un mâle. Actuellement j’ai vingt sept têtes. Avant, pour vendre mes porcs, j’appelais un charcutier et il en négociait le prix avec mon mari. Je n’étais même pas là pendant les négociations. Pour un porc vendu à 20 000 FCFA, mon mari pouvait ne m’en donnait que 15 000 ou 10 000. Je ne savais même pas à quel prix il l’avait vendu. Maintenant, si je vends à un charcutier, c’est moi qui discute du prix et qui prend l’argent.

Se rallier les maris…

C’est le projet qui a permis tout ça, parce tout le monde a été formé. Nous les éleveuses, mais aussi nos maris. Avec la formation, nos maris ont compris que ce qu’ils faisaient, n’était pas bon. Il a fallu les convaincre progressivement bien sûr. Ça a pris environ deux mois. Au début, mon mari disait : « C’est moi le patron de la maison ! Tu ne peux pas me commander ». Mais avec le projet, j’ai appris à parler. Avant j’avais honte, je baissais la tête. Je n’arrivais pas à parler devant une assemblée ou dans une réunion comme je le fais actuellement. Les choses ont vraiment changé, car maintenant mon mari a aussi compris qu’il fallait qu’il me donne plus d’argent pour la sauce.

… et se passer des charcutiers

Ensuite, ce que nous avons vu, c’est que les charcutiers nous arnaquent. Pour un porc qui vaut 20 000, ils ne nous donnent que 15 000 et quand ils le revendent, ils se font tout le bénéfice. Ce n’est pas normal. On s’est dit : on va se débrouiller pour tuer nous même nos porcs et le vendre en morceaux ». Au début, nos maris ne voulaient pas en entendre parler. Tuer un porc, pour une femme, c’était un interdit ! Mais comme nous savions que les bénéfices étaient là, nous les femmes, on n’a pas voulu lâcher.

Maintenant, je sais découper les porcs. La dernière fois que je me suis adressée à un charcutier pour vendre un porc, il m’en a proposé 20 000. J’ai préféré le découper moi-même et ça m’a rapporté 35 000…

Solidarité

Dans le groupement, il y a des femmes dont le mari résiste encore. Alors dans nos réunions entre femmes, on parle de tout ça. On se donne des conseils, on demande aux maris qui nous soutiennent de convaincre les autres. Il faut savoir ne pas attaquer le mari de front. On va y arriver. Mon mari, lui, maintenant, il est très fier. Il n’en revient pas que je prenne l’avion. Moi non plus d’ailleurs. Voyager, participer à un séminaire : je n’aurais jamais imaginé ça possible.

Aujourd’hui, ce que nous aimerions, c’est construire notre propre abattoir, disposer de nos propres balances etc, pour que les clients repèrent notre groupement et viennent nous acheter directement. »

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