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Dispositions et projets pour la prévention des conflits d’intérêts au SénatMercredi 4 juillet 2012 La commission des lois du Sénat a rendu publiques en mai 2011 quarante propositions présentées par son groupe de travail pluraliste sur la prévention des conflits d’intérêts. Adéquations reproduit ici ce document. La proposition 4 concernant "l’obligation de souscrire
une déclaration d’intérêts" s’est traduite en juin 2012 par la publication sur le site Internet du Sénat de la "Déclaration d’activités et d’intérêts" de chaque sénateur, consultable ici. |
Proposition n° 1
Définir les conflits d’intérêts pour un parlementaire de la façon
suivante : « Un conflit d’intérêts naît d’une situation dans laquelle un parlementaire
détient des intérêts privés qui peuvent indûment influer sur la façon dont il s’acquitte des
missions liées à son mandat, et le conduire ainsi à privilégier son intérêt particulier face
à l’intérêt général. Ne peuvent être regardés comme de nature à susciter des conflits
d’intérêts, les intérêts en cause dans les décisions de portée générale ainsi que les
intérêts qui se rattachent à une vaste catégorie de personnes. »
Proposition n° 2
Mettre en place, autant que faire se peut, des règles de déontologie
communes aux parlementaires des deux Assemblées.
Proposition n° 3
Redéfinir le délit de prise illégale d’intérêt comme le fait de
privilégier « un intérêt personnel distinct de l’intérêt général ».
Proposition n° 4
Soumettre l’ensemble des parlementaires à l’obligation de souscrire
une déclaration d’intérêts.
Proposition n° 5
Utiliser les déclarations d’intérêts des parlementaires pour éviter la
nomination comme rapporteur d’une personne ayant des intérêts dans le secteur concerné
par le texte.
Proposition n° 6
Utiliser un système de « réserves » pour éviter les conflits d’intérêts
créés par les intérêts des « proches » des parlementaires.
Proposition n° 7
Ne pas instaurer une « obligation de déport » ex ante, par laquelle
l’autorité en charge de la déontologie pour une Assemblée pourrait interdire
préventivement à un parlementaire de participer aux débats et au vote sur un texte.
Proposition n° 8
Mettre en place une exigence générale de sincérité des déclarations
d’intérêts.
Proposition n° 9
Permettre à l’autorité en charge de la prévention des conflits
d’intérêts de demander des éclaircissements si elle considère que l’exigence de sincérité
de la déclaration d’intérêts n’a pas été respectée.
Proposition n° 10
Limiter le champ de la déclaration d’intérêts aux intérêts matériels
des parlementaires, à l’exclusion de leurs intérêts moraux.
Proposition n° 11
Prévoir que les parlementaires déclarent en priorité leurs intérêts
professionnels et financiers.
Proposition n° 12
Retracer, au sein de la déclaration d’intérêts, le montant précis des
rémunérations de toutes natures perçues au titre d’une activité accessoire au mandat
parlementaire.
Proposition n° 13
Tenir compte, pour la souscription de la déclaration d’intérêts, des
intérêts détenus pendant les trois ans qui précèdent le début du mandat.
Proposition n° 14
Intégrer les intérêts des « proches » des parlementaires (et
notamment ceux de leur conjoint, de leurs ascendants et de leurs descendants) à la
déclaration d’intérêts de ces derniers.
Proposition n° 15
Prévoir une actualisation obligatoire de la déclaration d’intérêts à
mi-mandat ; adresser un document proposant d’opérer des « mises à jour » chaque année
aux parlementaires.
Proposition n° 16
Permettre à chaque parlementaire de saisir l’autorité en charge de la
déontologie de son Assemblée afin qu’elle vérifie les intérêts détenus par ses collègues.
Proposition n° 17
Rendre anonymes les données relatives aux proches des
parlementaires lors de la communication d’éléments de leur déclaration d’intérêts à un
autre parlementaire.
Proposition n° 18
Supprimer la déclaration d’activités, à laquelle la déclaration
d’intérêts se substituerait.
Proposition n° 19
Prévoir que l’autorité en charge de la déontologie pour le Sénat sera
composée exclusivement de sénateurs, assistés par un magistrat de l’ordre judiciaire, élu
au sein de la Cour de cassation par les magistrats du siège de cette Cour et ayant
notamment pour mission de saisir le parquet des éventuels manquements pénaux.
Proposition n° 20
Prévoir que l’autorité en charge de la déontologie pour le Sénat peut
se prononcer sur saisine du Président du Sénat, de chacun des membres du Bureau ou sur
autosaisine.
Proposition n° 21
Composer l’autorité en charge de la déontologie de manière
pluraliste, en dotant chaque groupe politique d’au moins un représentant en son sein.
Proposition n° 22
Retenir la règle de la majorité qualifiée pour la prise de décisions
par les membres de l’autorité de déontologie du Sénat.
Proposition n° 23
Doter l’autorité en charge de la prévention des conflits d’intérêts au
Sénat :
de pouvoirs d’investigation et de contrôle ;
du pouvoir de saisir le parquet ;
du pouvoir de donner un avis sur les incompatibilités ;
d’un rôle général de conseil aux sénateurs.
Proposition n° 24
Préserver la compétence exclusive du Bureau en matière
disciplinaire.
Proposition n° 25
Rendre l’exercice de fonctions de conseil nouvelles incompatibles
avec le mandat parlementaire, même lorsque ces fonctions sont exercées dans le cadre
d’une profession réglementée.
Proposition n° 26
Rendre les fonctions de professeur associé, de maître de
conférences et de maître de conférences associé compatibles avec le mandat parlementaire.
Proposition n° 27
Rendre la présidence d’un syndicat professionnel incompatible avec
le mandat parlementaire.
Proposition n° 28
Rendre l’exercice de fonctions de direction, d’administration ou de
surveillance dans des entreprises percevant des subventions d’un État étranger
incompatibles avec le mandat parlementaire.
Proposition n° 29
Rendre l’exercice de fonctions de direction, d’administration ou de
surveillance dans des sociétés-mères des sociétés visées par le code électoral
incompatibles avec le mandat parlementaire.
Proposition n° 30
Plafonner à la moitié de l’indemnité parlementaire, le montant des
rémunérations perçues par les parlementaires au titre d’une activité professionnelle
accessoire.
Proposition n° 31
Mettre en place une déclaration de dons et d’avantages en nature,
souscrite par les sénateurs pour tous les concours dont le montant dépasse 150 euros.
Proposition n° 32
Exempter les cadeaux d’usage et les cadeaux offerts par des
« proches » de l’obligation de déclaration.
Proposition n° 33
Appliquer les règles de publicité, de contrôle et de conservation
prévues pour les déclarations d’intérêts aux déclarations de dons et d’avantages en
nature.
Proposition n° 34
Encadrer la présence des sénateurs dans des groupes de travail ou
des colloques à financement privé.
Proposition n° 35
Renforcer les incompatibilités professionnelles pour les assistants
parlementaires.
Proposition n° 36
Dégager une définition des organismes extra-parlementaires afin
d’établir les critères constitutifs pour en diminuer le nombre.
Proposition n° 37
Limiter les indemnités que peuvent percevoir les parlementaires au
titre de leur activité au sein d’un organisme extra-parlementaire au seul défraiement des
dépenses engagées pour participer aux travaux de l’organe.
Proposition n° 38
Inclure dans le plafond prévu pour les rémunérations accessoires les
indemnités perçues par les parlementaires au titre de leur activité dans un organisme
extra-parlementaire.
Proposition n° 39
Sanctionner les parlementaires qui :
n’auraient pas déposé une déclaration d’intérêts ;
auraient déposé une déclaration d’intérêts mensongère ;
n’auraient pas répondu aux demandes d’éclaircissements formulées par l’autorité en
charge des conflits d’intérêts ;
n’auraient pas respecté une observation ou une recommandation de cette autorité ;
se seraient placés en situation de conflit d’intérêts « réel » grave.
Proposition n° 40
Autoriser le Bureau à prononcer tous les types de sanctions
disciplinaires prévues par le Règlement du Sénat pour sanctionner les sénateurs ayant
contrevenu à leurs obligations déontologiques.
Communiqué du Sénat, 26 mai 2011
Au cours de sa réunion du 25 mai 2011, le Bureau du Sénat a entendu une communication de M. Jean‑Jacques Hyest (UMP, Seine-et-Marne), président de la commission des lois du Sénat, sur le rapport d’information du groupe de travail sur la prévention des conflits d’intérêts constitué au sein de la commission des lois.
Examiné par la commission des lois au cours de sa réunion du 11 mai 2011, ce rapport d’information de M. Jean-Jacques Hyest (UMP, Seine-et-Marne), président de la commission des lois du Sénat, M. Alain Anziani (Soc., Gironde), Mme Nicole Borvo Cohen-Seat (CRC-SPG, Paris), M. Pierre-Yves Collombat (Soc., Var), M. Yves Détraigne (UC, Marne), Mme Anne-Marie Escoffier (RDSE, Aveyron) et M. Jean-Pierre Vial (UMP, Savoie), est rendu public après sa présentation au Bureau du Sénat.
Créé le 9 novembre 2010, le groupe de travail sur la prévention des conflits d’intérêts a été constitué de manière pluraliste, chaque groupe politique du Sénat y étant représenté. Sur ce sujet qui a émergé dans l’actualité politique récente, le groupe de travail a formulé, à la majorité, voire à l’unanimité, au terme de nombreuses auditions et réunions de travail et de deux déplacements à l’étranger (États-Unis et Allemagne), quarante propositions afin de dégager des règles nouvelles pour prévenir efficacement les conflits d’intérêts potentiels des parlementaires.
Le groupe de travail a tenu, en premier lieu, à établir une définition du conflit d’intérêts adaptée aux spécificités du mandat parlementaire et aux conditions du travail parlementaire.
Le groupe de travail a souhaité dissiper l’idée reçue selon laquelle la France serait en retard en matière de prévention des conflits d’intérêts des parlementaires. Le régime strict des incompatibilités parlementaires, qui est une spécificité du Parlement français, permet déjà d’empêcher radicalement un grand nombre de conflits d’intérêts. Le groupe de travail a cependant proposé de renforcer les incompatibilités, notamment pour les parlementaires susceptibles d’exercer la profession d’avocat ou ceux exerçant des activités de direction, d’administration ou de surveillance dans des sociétés privées. Il a également suggéré de rendre incompatibles avec le mandat parlementaire les fonctions de président d’un syndicat professionnel ou d’une autorité administrative indépendante, ainsi que de plafonner les rémunérations qui peuvent être tirées des activités professionnelles accessoires au mandat.
Le groupe de travail a recommandé l’obligation pour chaque parlementaire de souscrire périodiquement une déclaration d’intérêts, qui se substituerait à l’actuelle déclaration d’activités avec un périmètre beaucoup plus large. La déclaration d’intérêts ferait état de l’ensemble des intérêts matériels et financiers, passés et présents, des parlementaires et de leurs proches. Cette déclaration serait l’instrument du contrôle des conflits d’intérêts.
Le groupe de travail a aussi proposé la création d’une autorité déontologique propre au Sénat, dédiée à la prévention et au contrôle des conflits d’intérêts des sénateurs et dotée à cet effet de très larges prérogatives. Cette autorité serait composée de représentants de tous les groupes politiques et pourrait être assistée par un magistrat, chargé d’éclairer ses travaux et de saisir le parquet en cas de manquement pénal excédant le conflit d’intérêts.
Le groupe de travail a enfin souhaité la mise en place de sanctions disciplinaires en cas de manquement d’un parlementaire qui se trouverait dans une situation de conflit d’intérêts.
Le moment venu, en lien avec le Bureau du Sénat et dans un dialogue avec l’Assemblée nationale, les propositions du groupe de travail pourraient déboucher sur des modifications tant de la législation organique relative au statut des parlementaires que de la réglementation interne au Sénat.
Vous trouverez le rapport à l’adresse suivante :
www.senat.fr/notice-rapport/2010/r10-518-notice.html
Contact(s) presse :
Ali Si Mohamed
01 42 34 25 11
a.si-mohamed senat.fr
Communiqué original publié à l’adresse www.senat.fr/presse/cp20110526b.html
A consulter sur le site d’Adéquations :
nos articles sur la régulation du lobbying et la prévention des conflits d’intérêts au Sénat