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"Grenelle" chronique d’octobre 2007Article d’Adéquations paru dans Biocontact octobre 2007 2008, par Gouvernement et associations discutent autour d’une table pour cerner les grands enjeux environnementaux. Aucun sujet tabou mais pas mal de malentendus… |
Les discussions entre parties prenantes du « Grenelle de l’environnement » (Etat, associations, syndicats, patronat, collectivités territoriales) battent leur plein, sur la base de fiches de propositions, qui présentent l’objectif à atteindre, les mesures à prendre, le calendrier de mise en œuvre, autour de six thématiques :
climat et énergie
biodiversité et ressources naturelles
environnement et santé
agriculture et agroalimentaire
démocratie écologique
– emploi et compétitivité.
Une consultation publique sur Internet et des débats en régions sont prévus, en vue de l’adoption fin octobre d’une série de programmes prioritaires.
Le paysage associatif est complexe. Trois groupes participent aux négociations :
L’Alliance pour la planète, regroupement de 75 associations et syndicats, piloté par WWF, Greenpeace, Amis de la Terre…
La Fédération France Nature Environnement et ses membres la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et la ligue ROC pour la préservation de la faune sauvage.
La Fondation Nicolas Hulot.
Agir pour l’Environnement lance sa propre campagne « GREENelle ou Grrr…nelle ». Et le mensuel La Décroissance organise le 6 octobre à Lyon un « Contre-Grenelle »…
Les premières rencontres officielles ont servi aux participant-es à se présenter et à plaider pour leur vision des choses. Mais dès qu’on entre dans le détail, des clivages apparaissent. Ainsi, entre les représentants de l’agriculture productiviste et les écologistes sur l’objectif « Réduire les intrants de façon généralisée » (pesticides, nitrates…).
De plus, tous les enjeux entrent en interrelation. L’énergie, l’emploi, la fiscalité, la recherche, l’éducation… sont transversaux. Prenons l’exemple des agrocarburants, souvent improprement appelés « biocarburants », source de confusion avec « la bio », alors qu’il s’agit de carburants issus de céréales, oléagineux, etc. cultivés de façon polluante. Placés dans le groupe de travail n°1 « changement climatique », rubrique « énergie et stockage du carbone », les agrocarburants devraient figurer aussi dans les questions agricoles et alimentaires !
Ils sont présentés comme une alternative au pétrole, permettant de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Ils offriraient de nouveaux débouchés pour les productions agricoles européennes et permettraient d’améliorer l’indépendance en protéines végétales pour l’alimentation animale, par l’utilisation des coproduits générés par leur fabrication.
Mais Les agrocarburants ont vite montré leurs limites. Leur bilan énergétique en Europe est médiocre. Alors qu’à l’échelle mondiale, ils ne sont encore incorporés qu’à hauteur de 2 % dans l’essence ou le gasoil, des tensions apparaissent sur les marchés. Des prix alimentaires augmentent. Les agrocarburants entrent en concurrence avec les cultures vivrières de populations du Sud, ils accélèrent la déforestation en Asie et en Amérique Latine (production d’huile de palme). En Europe, les dernières réserves de biodiversité agricole, les jachères, pourraient disparaître.
En somme, si on discute des agrocarburants par la seule entrée énergétique, on passe à côté d’enjeux essentiels qui concernent tous les thèmes du « Grenelle » :
Comment préserver la biodiversité, l’eau ?
Une agriculture pour quels usages (se nourrir ou nourrir nos voitures) ? - Quelle politique de transports collectifs ?
Ne faut-il pas réduire notre consommation d’énergie, pas seulement la « maîtriser » ?
La dimension internationale : comment mieux s’articuler avec l’Europe – source de 80 % de nos législations environnementales ?
Quelles répercussions de nos choix de « développement » sur les pays les plus défavorisés ?
Le Premier ministre a réuni le gouvernement fin août pour un séminaire « Grenelle ». Espérons que le ministère de l’Economie et des Finances va accepter certaines propositions pour réorganiser la comptabilité nationale et les indicateurs de richesses axés actuellement sur la seule croissance de la production et de la consommation…
Yveline Nicolas
Adéquations
http://legrenelle.lalliance.fr
www.legrenelle-environnement.fr
http://fne-grenelle.blogspot.com
http://www.contre-grenelle.org