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Interview de Maïa, membre du Collectif Debout, engagée dans une action contre les jouets sexistes

Samedi 24 décembre 2011


Comment s’est constitué le Collectif Debout et pour quels objectifs ? Qui regroupe-t-il ?

Le collectif « Debout ! » s’est constitué pour réunir les personnes de Nancy qui souhaitaient rejoindre la marche mondiale des femmes à Paris en juin 2010. Puis nous avons décidé de continuer à nous réunir et ce collectif qui est mixte reste ouvert à tout personne désireuse de participer à la lutte féministe à Nancy. Aujourd’hui, il rassemble une petite dizaine de personnes, essentiellement des femmes en dépit de notre volonté de mixité.

En cette veille de Noël, le Collectif Debout a décidé de mener une campagne contre les jouets sexistes. Qu’est ce qui vous motive ?

En tant que féministes, nous nous intéressons à la question du genre, autrement dit à la détermination sociale en fonction du sexe biologique. Or l’orientation genrée des enfants à partir des jouets est flagrante. Prenons les catalogues. Le seul fait d’y présenter séparément des jouets de filles et des jouets de garçons équivaut à signifier que les filles et les garçons auraient des qualités et des intérêts différents et ce dès leur naissance. Pour faire bref aux filles, les bébés, le ménage et la nécessité de se faire belle, aux garçons l’exploration du monde extérieur et la guerre. Or ces orientations n’ont rien d’innées. Elles sont construites par les codes de la société qui s’expriment notamment par ces catalogues de jouets. Certes il y a des différences physiologiques entre les femmes et les hommes, mais ces différences n’ont pas à déterminer les jouets qu’on propose aux enfants.

Ce qui est frappant dans une grande surface de jouets, c’est le consumérisme associé au sexisme. L’offre du coin poupée par exemple : la poussette et ses accessoires, la table à langer et ses accessoires, la cuisine intégrée…

Trois phénomènes participent à la consommation genrée des jouets. La pression des parents, le conditionnement des enfants et l’absence totale de morale des publicitaires dont le but est avant tout de vendre. Or vendre deux objets différents à deux personnes qui pourraient utiliser le même permet de doubler les ventes. Aujourd’hui pour n’importe quel jeu, on décline une version fille et une version garçon. Y compris pour des jeux de cartes. Est-ce à dire qu’ils ne peuvent pas jouer ensemble ? Regardons maintenant du côté des jouets de marchande (qu’on appelle ainsi et non de marchand, ce qui n’est pas innocent). Ils offrent des reproductions miniatures de packaging identiques à ceux que l’on trouve dans les rayons des supermarchés, avec le nom de vraies marques. Ainsi dés 4 ans, les fillettes sont préparer à repérer les choses inutiles qu’elles achèteront plus tard. Alors que pour relever les défis de l’avenir, réduire notre consommation s’impose.

En quoi consiste la campagne du Collectif Debout ?

Pour notre campagne précédente, nous nous étions associés au syndicat Sud Etudiant et à CuLiNa, une association libertaire locale, pour distribuer des tracts dans une grande surface de jouets qui réserve un étage aux jouets de filles et un autre étage aux jouets de garçons. Mais nous nous étions fait jeter du magasin et même de la rue par la police. Cette année nous avons commencé par coller des tracts bleus et roses sur des poteaux à proximité des magasins et opté pour des autocollants à coller discrètement au dos des boîtes de jouets. Tout peut se télécharger à partir de notre site http://collectif-debout.org. Certaines acheteuses et acheteurs verront l’autocollant dans le magasin, d’autres ne s’en rendront compte qu’une fois rentrés à la maison, d’autres encore au moment où le cadeau sera déballé le soir de Noël. Nous allons également déposer des tracts sur le pare-brise des voitures garés dans les parkings des magasins de jouets et des grandes surfaces.

Quel impact en attendez-vous ?

Un des arguments majeurs que l’on nous oppose, lorsque nous collons nos tracts par exemple, est que l’égalité est acquise, que nous les féministes ne sommes jamais satisfaites etc. Ce n’est qu’un moyen de bloquer l’évolution féministe de la société. Car à l’évidence lorsque l’on observe l’offre de jouets, la littérature de jeunesse, les injonctions à la virilité dont font l’objet les garçons etc., l’égalité n’est pas acquise.

Bien sûr, l’impact des autocollant sera difficile à estimer car différé, mais notre propos reste le même : questionner la norme qui est le fruit d’automatismes, parce que pour se libérer de ses propres automatismes il faut en prendre conscience. Ce que nous prônons c’est la liberté de choix. Nous avons d’ailleurs essayé de faire des visuels qui parlent aussi aux enfants.

Propos recueillis par Bénédicte Fiquet, journaliste et chargée de mission genre au sein d’Adéquations

Pour aller plus loin

- http://collectif-debout.org
- Actions du collectif contre les jouets sexistes Mix-cité de 2007 qui reste d’actualité.
- Interview d’une activiste bruxelloise du collectif des Mixinours et quelques propositions de chansons
- Action de la Ligue des droits de l’Homme
- Outils pédagogiques et militants de Mix-cité (dont un jeux de l’oie anti-sexiste et une exposition téléchargeable contre l’attribution sexistes des jouets)

- Les jouets pour enfants au regard du genre, mémoire de Master de Mona Zegaï, téléchargeable en pdf ICI

- Contre les jouets sexistes. Ouvrage collectif. Editions L’échappée.
Des associations antisexistes (Mix-cité, le Collectif contre le publisexisme) soulignent l’ampleur de la discrimination sexiste que subissent les enfants et la manière dont se construisent le masculin et le féminin au travers des jouets et de leurs usages.
Fruit de réflexions et d’expériences de lutte et de travail aussi bien individuelles (parents, instituteurs-trices, éductateurs-trices, etc.) que collectives (animation d’une campagne contre les jouets sexistes durant la période de Noël), ce livre propose des pistes pour combattre et faire reculer le sexisme au quotidien dès le plus jeune âge.

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